Sonde Rosetta: le robot Philae a réussi son atterrissage sur la comète Tchouri

Le petit robot Philae a réussi son atterrissage sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko. La liaison entre la sonde Rosetta et le robot Philae a été rétablie, a annoncé mercredi à la mi-journée l'Agence spatiale européenne (ESA).
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Sonde Rosetta: le robot Philae a réussi son atterrissage sur la comète Tchouri
Le robot Philae lors de sa descente vers la comète Tchouri (photo publiée par l'agence spatiale européenne)
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Le directeur général de l'Agence spatiale européenne, Jean-Jacques Dordain, s'est exprimé après l'annonce de l'atterrissage réussi de Philae. "Le problème avec le succès, c'est qu'il semble facile", a-t-il déclaré en soulignant le travail acharné de toutes les parties prenantes à ce projetfou."Nous montrons aujourd'hui que nous avons la meilleure expertise au monde. Nous sommes les premiers à être parvenus à faire une telle chose, et cela restera gravé pour toujours.

Pour la première fois l'Homme pose un robot sur une comète

13.11.2014Présentation : Mohamed Kaci / Invité : Hubert Reeves, astrophysicien
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"Rosetta reçoit un signal de Philae", a confirmé Paolo Ferri, chef des opérations au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) de l'ESA (Agence spatiale européenne) à Darmstadt (Allemagne). "C'est un moment très important", a-t-il ajouté. La caméra Osiris, installée sur la sonde Rosetta, a pu livrer une image du robot avec les trois pieds de son train d'atterrissage déployés, peu après la séparation :
L'ESA avait déjà diffusé, à 15h18, la première photographie prise par Philae. L'image, qui a été prise par le système CIVA destiné à photographier la surface de la comète, montre notamment un des panneaux de la sonde :
Quelques instants auparavant, on avait pu voir Andrea Accomazzo, directeur de vol de la mission Rosetta à l'ESOC, lever le poing en signe de victoire dans la salle de contrôle de l'ESOC. "Tout semble normal pour le moment", a déclaré de son côté Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur Philae au DLR (agence spatiale allemande). La liaison entre Rosetta et son atterrisseur Philae a été rétablie comme prévu environ deux heures après leur séparation. Le robot va passer sept heures en chute libre avant de tenter de se poser sur le noyau de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Pour la première fois, dans l’histoire, un petit robot créé par l’homme allait aller se déposer sur une comète. Il a fallu dix ans pour que Philae arrive à destination. C’est la sonde Rosetta, de l’Agence spatiale européenne, qui l’a amené jusque-là. Rosetta et le robot sont arrivés aux alentours de la comète en août dernier. Tout a été programmé et calculé : impossible de piloter l’opération depuis la terre, vu la distance, les signaux envoyés par la sonde mettent vingt-huit minutes à parvenir sur Terre. De plus le robot devait débarquer dans un environnement inconnu et hostile, explique Johan De Keyser du Centre d’aéronomie spatial.
Les scientifiques craignaient aussi un possible rebond de Philae : sur Terre, il pèse 100 kg, mais seulement quelques grammes sur la comète "Tchouri". La gravité de la comète n’est pas suffisante pour plaquer Philae à la surface, explique Johan De Keyser. Par contre, si le sol était trop mou le robot risquait de s'enfoncer, ce qui aurait compromis la suite de la mission. Si l'atterrissage s'est effectué sans encombres, Philae pourra entamer immédiatement entamer sa mission.
Il est équipé de 10 instruments scientifiques, dont une foreuse capable de prélever des échantillons du sol cométaire, qui permettraient de comprendre l’origine de l’Univers. 
Le robot pourra fonctionner au moins pendant 64 heures. La suite dépendra de l’autonomie de ses batteries : comme la comète fait un tour sur son axe, elles risquent de ne pas se recharger lorsque le robot est dans l’ombre du soleil. Les scientifiques espèrent quand même que Philae pourra travailler 4 mois environ. Rosetta devrait elle fonctionner et accompagner la comète jusqu'en août prochain.
Sonde Rosetta: le robot Philae a réussi son atterrissage sur la comète Tchouri
Projet Ariane 6 - Credits: ESA/CNES/Arianespace.
20.09.2014

Deux milliardaires d'internet rivaux bousculent le paysage spatial

20.09.2014Jean-Louis Santini (AFP)
Elon Musk, fondateur de SpaceX, et Jeff Bezos, créateur d'Amazon et de Blue Origin, deux milliardaires d'internet rivaux mais fans d'espace viennent de sceller chacun d'importants contrats qui vont bouleverser le paysage spatial et le faire dépendre davantage du secteur privé. Jusqu'à la fin des navettes en 2011, l'agence spatiale américaine était le seul maître du jeu aux Etats-Unis dans le transport spatial pour accéder à l'orbite terrestre basse. Or la Nasa vient de sélectionner cette semaine SpaceX et Boeing pour construire les deux premiers vaisseaux privés de transport de personnes à la Station spatiale internationale (ISS) à partir de 2017 avec un contrat total de 6,8 milliards de dollars. Quant au marché juteux des lancements de satellites militaires et de sécurité nationale, il revient jusqu'à présent exclusivement à United Launch Alliance (ULA), société conjointe entre Boeing et Lokcheed Martin, un quasi-monopole que SpaceX entend briser, affirmant pouvoir offrir des prix nettement inférieurs. Or mercredi Blue Origin et ULA ont dévoilé un partenariat pour développer un nouveau moteur de fusée basé sur les technologies de Blue Origin censées réduire nettement les coûts de lancement. Il doit aussi mettre fin à la dépendance du moteur russe RD-180 qui équipe la fusée Atlas V, un des deux lanceurs de UAL qu'utilisera Boeing pour lancer son futur vaisseau spatial habité. Depuis le dernier vol de la navette, les Etats-Unis dépendent exclusivement des Soyouz russes à 70 millions de dollars le siège pour transporter leurs astronautes à l'ISS, une situation délicate vu la très forte détérioration des relations américano-russes en raison de la crise en Ukraine. SpaceX et Orbital Sciences ont ainsi obtenu dès 2011 des contrats de respectivement 1,6 et 1,9 milliard pour des missions de livraison à l'ISS. Ces premiers contrats ont sonné l'avènement de vols privés orbitaux et dopé les ambitions de sociétés cherchant à développer le tourisme spatial, comme Virgin Galactic du milliardaire britannique Richard Branson ou l'américain Begalow. Virgin va offrir des vols suborbitaux à la frontière de l'espace et Begalow des séjours dans des hôtels orbitaux formés de modules gonflables pour lesquels il aura besoin des vaisseaux de SpaceX ou de Boeing. Avec la commande de la Nasa à SpaceX et Boeing et l'investissement de Blue Origin dans un nouveau moteur de fusée et probablement un nouveau lanceur, l'espace relève de plus en plus du secteur privé, notent des analystes. "Nous avons vécu une semaine remarquable dans l'histoire spatiale avec l'émergence de deux fournisseurs de vaisseaux commerciaux de transport spatial, Boeing et SpaceX, et la création d'un partenariat privé bien financé (ULA/Blue Horizon) pour développer la prochaine génération de lanceurs", relève John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à Washington. Pour lui, l'accord entre Jeff Bezos et ULA "est très sérieux car Bezos qui dispose de beaucoup de moyens --il pèse plus de 30 milliards de dollars-- parie sur le marché des vols spatiaux pour gagner de l'argent". Selon John Logsdon, il ne s'agit pas seulement de remplacer le moteur russe RD-180 mais aussi de développer un nouveau lanceur qui succédera aux deux lanceurs américains actuels. "C'est très significatif de voir quelqu'un comme Jeff Bezos qui a eu un tel succès en affaires croire en la rentabilité de ce marché", a-t-il ajouté. Bien que Elon Musk et Jeff Bezos soient des rivaux, "ils partagent une grande passion de l'espace, un bon sens des affaires et des ressources financières importantes et tout cela bouleverse le secteur spatial", résume cet expert. "La privatisation de l'espace s'accroît avec une concurrence accrue, ce qui fait baisser les prix et permettra aux Etats-Unis d'être compétitifs sur le marché du lancement de satellites face aux lanceurs européen Ariane et russe Proton", affirme à l'AFP Michael Lopez Alegria, président de la Commercial Spaceflight Federation, groupement professionnel de promotion des vols spatiaux commerciaux.