Fil d'Ariane
Le discours se veut sobre, bref mais ferme. A la télévision nationale, le président Omar el-Bechir énonce point par point ses mesures pour répondre aux manifestations qui ont lieu dans le pays depuis 2 mois.
Quelques heures plus tard, le chef de l'Etat soudanais annonce que 5 ministres seulement sont maintenus à leurs postes dont ceux des Affaires étrangères, de la Défense et de la Justice. A la tête des 18 régions du pays, sont nommés 16 officiers de l'armée, ainsi que 2 responsables de la sécurité. Menacés par 2 mois de contestations, Omar el-Bechir et son régime durcissent le ton, pour ne pas vaciller.
Car à 75 ans, l'homme fort de Khartoum ne compte pas quitter les affaires. Après 30 ans de pouvoir, il a déjà annoncé vouloir briguer un troisième mandat en 2020.
Du côté de la société civile soudanaise, ces annonces ont été mal accueillies. L'Association des professionnels soudanais (APS) qui regroupe notamment des médecins, enseignants et ingénieurs, et qui mène la contestation depuis de le début, affirme qu'elle continuera l'appel à manifester jusqu'au départ du président.
Une volonté de rester mobilisé malgré la répression menée par le pouvoir. Depuis le début de la contestation le 19 décembre, 31 personnes ont été tuées selon un un bilan officiel. Mais du côté de l'ONG Human Rights Watch, le chiffre de 51 morts est évoqué, dont des enfants et des personnels médicaux. D'après plusieurs ONG, les services de sécurité ont aussi arrêté des centaines de manifestants, principalement des leaders de l'opposition et journalistes.
A l'origine de ce mouvement de manifestations, la crise économique que traverse le pays. Avec l'indépendance du Soudan du sud en 2011, Khartoum a perdu les trois quarts de ses réserves de pétrole, et les revenus qui vont avec. L'inflation frôle les 70% par an et le pays a du mal à importer les produits de bases. C'est finalement la décision du gouvernement de tripler le prix du pain qui a mis le feu aux poudres.
La contestation s'est vite transformée en un mouvement réclamant la chute du président Béchir, qui tient le pays d'une main de fer depuis 1989. Selon des experts ce mouvement son plus grand défi en trois décennies.