Sourcesure.eu: un site pour protéger les informateurs de presse
Dans le collimateur des détenteurs de pouvoir, les médias ont de plus en plus de difficultés à garantir l’anonymat des "lanceurs d'alerte". Désormais, le site sourcesure.eu permet de lever cette cause de méfiance entre les journalistes et les fournisseurs d’info. Une expérience initiée par la RTBF, Le Monde, La Libre Belgique et Le Soir, rejoints le 12 février par la rédaction de France Télévision.
Le
15 fév. 2015 à 10h39 (TU)
Mis à jour le
Jean-Claude Verset, de notre partenaire la RTBF
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Présentation du site Surcesure.eu à Paris, le 12 février 2015
Le site Sourcesure.eu permet à des sources en quête d’anonymat de diffuser des informations confidentielles aux médias de leur choix en transmettant des documents de façon intraçable.
Inciter les témoins à communiquer
Ces sources peuvent choisir d'envoyer leurs documents à un media spécifique ou à plusieurs. Si le lanceur d'alerte accepte d'être recontacté, le journaliste ayant reçu les documents pourra dialoguer avec lui en ligne, en utilisant un code unique et secret. Les médias ayant reçu les documents décideront ensuite de vérifier les informations, de mener leur propre enquête ou de publier les informations.
Les objectifs de Sourcesure.eu sont de faciliter la tâche des lanceurs d'alerte voulant dénoncer des actes répréhensibles dont ils ont été les témoins.
Avec l’aide du réseau anonyme Tor
La technique d’anonymisation des interlocuteurs utilisée par Sourcesure.eu est le réseau Tor. Il permet, en multipliant les internautes intermédiaires entre deux personnes, de brouiller le traçage des adresses IP. C’est ce réseau Tor qui a été utilisé par les partisans du Printemps arabe pour communiquer sans être identifiés.
Plusieurs techniques permettent d’empêcher l’identification des internautes. La première consiste à utiliser des "proxy". Ces sites intermédiaires consultent la personne ou le site désiré en utilisant une adresse IP d’emprunt. Le seul inconvénient de cette pratique est le ralentissement de la connexion.
Capture d'écran du site internet Sourcesure.eu
Tor, GobalLeaks et Tails
La grande vedette de l’anonymisation des adresses IP n’est pourtant pas un site mais le logiciel Tor. Symbolisé par un oignon pour son caractère multicouche, Tor permet d’accéder à une page web depuis l’adresse IP d’un autre membre du réseau Tor. L’ordinateur de cette deuxième personne renverra la page désirée vers un troisième membre qui l’enverra vers un 4e... Et ainsi de suite, jusqu’à rendre tout dépistage impossible. Tor, qui a été choisi par le site sourcesure.eu, compterait cinq millions d’utilisateurs.
La plateforme fonctionne grâce à deux logiciels-serveurs: GlobaLeaks et Tor2Web. GlobaLeaks et une plateforme mondiale et anonyme spécifiquement développée pour les lanceurs d'alerte.
Le logiciel Tor2Web fait fonctionner un réseau mondial décentralisé de serveurs destinés à créer des passerelles entre l'Internet et les "services cachés" hébergés par le réseau Tor. Quand un utilisateur essaie de se connecter à une page Web, il reçoit une alerte si sa connexion n'est pas anonymisée.
Sourcesure utilise encore le système d'exploitation Tails protégeant l'anonymat des utilisateurs et la confidentialité des données. Les concepteurs de sourcesure.eu disent faire transiter le trafic de données via trois serveurs-relais, choisis de façon aléatoire.
Reste ensuite aux internautes à télécharger Tor pour se connecter au Web via son réseau protégé.
Inutile de rêver, Tor n’est pas un système infaillible. Les USA sont déjà parvenus à passer à travers les filtres de Tor et, au Japon, la NPA -sorte de FBI local- voudrait obliger les opérateurs télécom à bloquer Tor au prétexte de lutter contre le terrorisme. Sourcesure confirme que son système rend le traçage des connexions "très difficile, mais pas impossible" et que les lanceurs d'alerte et les journalistes sont réputés responsables de leurs actes.