Sous-marins australiens : les alliés européens de la France réagissent

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, suivie par la ministre des affaires étrangères belge, Sophie Wilmès et le président du Conseil de l'Europe Charles Michel, a critiqué la manière dont la France a été traitée dans le cadre du pacte de sécurité conclu entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni.
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Ursula von der Leyen
Ursula von der Leyen lors du discours sur l'état de l'Union européenne, le 15 septembre 2021 à Bruxelles.
© Yves Herman, Pool via AP
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Ce 20 septembre, interviewée par la chaîne CNN, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a jugé "inacceptable" la manière dont la France a été traitée dans le cadre du pacte de sécurité conclu entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni.

"L'un de nos États membres a été traité d'une manière qui n'est pas acceptable (...) "Nous voulons savoir ce qui s'est passé et pourquoi".  Mme von der Leyen est la première dirigeante d'une institution européenne à réagir à l'annonce de ce pacte, baptisé AUKUS, qui a entraîné la rupture d'un important contrat d'armement passé par la France avec l'Australie.

D'un montant de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros), il prévoyait la fourniture de 12 sous-marins à propulsion diesel et était souvent qualifié de "contrat du siècle".

L'UE n'a été ni consultée ni informée avant l'annonce du partenariat stratégique pour la région indo-pacifique conclu entre Washington, Londres et Canberra, avait déclaré venderdi 17 septembre le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Vers une réaction commune de l'Europe ?

Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UE examineront ce 20 septembre dans la soirée les conséquences de ce pacte, au cours d'une réunion à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

"Josep Borrell présidera cette réunion qui sera la première occasion de discuter des implications et des conséquences de cet accord pour l'UE et ses Etats membres", a précisé son porte-parole. "La réunion va durer deux heures et M. Borrell devrait en rendre compte par une déclaration", a-t-il ajouté.

(RE)lire : L’ombre de la crise des sous-marins et du fiasco afghan plane sur l’Assemblée générale de l’ONU

Le président du Conseil européen Charles Michel a, quant à lui, dénoncé un "manque de loyauté" et de "transparence" des Etats-Unis dans la crise des sous-marins qui les oppose à la France.

"Les principes élémentaires entre alliés c'est la transparence et la confiance, ça va ensemble. Et là, que voyons-nous? Un clair manque de transparence, de loyauté", a-t-il dit à quelques journalistes à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

"Un coup de tonnerre"


La ministre des affaires étrangères belge Sophie Wilmès a qualifié de coup de tonnerre cet accord signé aux dépens de la France. "Il s'agit d'un coup d'éclat ou d'un coup de tonnerre dans l'actualité française d'abord, européenne certainement, géostratégique au niveau mondial aussi", a-t-elle dit lors d'une rencontre avec quelques journalistes en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.  La crise diplomatique actuelle entre alliés est un "énième wake-up call" (une énième alerte à se réveiller) "que l'Europe doit recevoir (...) de notre nécessité de nous organiser mieux pour parler ensemble plus fortement d'une même voix et aussi d'agir ensemble", a souligné Sophie Wilmès, en évoquant "l'autonomie stratégique" européenne.

Pour marquer sa colère, la France a rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis, un acte sans précédent vis-à-vis de cet allié historique, et son représentant en Australie, le pays à l'origine de la crise. Paris a également annulé une réunion entre la ministre française des Armées Florence Parly et son homologue britannique Ben Wallace.

(RE)voir : Sous-marins australiens : l'ire de Paris envers Washington

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Jean-Yves le Drian, le chef de la diplomatie française qui s'exprimera à la tribune des Nations Unies, reproche aux dirigeants des trois signataires du pacte AUKUS d'avoir dissimulé pendant des mois leurs négociations et dénonce une "rupture majeure de confiance" entre alliés de l'Otan.

Ce soir, un haut responsable américain a affirmé que le président Joe Biden est "impatient" de s'entretenir avec son homologue Emmanuel Macron. Confirmant l'information donnée par la France, à savoir que le président américain a sollicité cet entretien, le haut responsable a dit: "Nous sommes impatients" d'avoir cette conversation téléphonique. Joe Biden veut "faire part de son désir de travailler étroitement avec la France dans la zone indo-pacifique et sur la scène internationale."