Sri Lanka : après l'exil du président, les manifestants suspendent l'occupation des bâtiments officiels

Le chef d’État déchu a promis de démissionner. Contraint de fuir le pays après des manifestations massives, il s’est réfugié aux Maldives. Depuis le 13 juillet, son Premier ministre assure l’intérim. Sur place, la contestation ne faiblit pas. Les manifestants ont pris d'assaut les bâtiments officiels. Le 14 juillet, l'occupation a pris fin. 

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SRI LANKA les manifestants prennent d'assaut les bureaux du premier ministre
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Après avoir envahi le palais présidentiel, les manifestants ont pris d'assaut les bureaux du Premier ministre. Comme le prévoit la Constitution du Sri Lanka, c'est lui qui assure l'intérim en l'absence du président de la République. Gotabaya Rajapaksa est en exil aux Maldives. Il a promis de démissionner 
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manifestations au Sri Lanka
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Un manifetstant brandi un drapeau du Sri Lanka devant le palais présidentiel. Le 12 juillet, le président Gotabaya Rajapaksa a été contraint de s'exiler aux Maldives. Colombo, 13 juillet 2022.
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gotabaya rajapaska
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Le président du Sri Lanka Gotabaya Rajapaska lors d'une cérémonie officielle. Colombo, 4 février 2022.
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Il n’a pas encore officialisé son retrait. Mais la succession du président en exil Gotabaya Rajapaksa s'organise déjà. Le 31 juillet, le chef de l'État déchu s’est réfugié aux Maldives. Le président du Parlement vient d’annoncer que le Premier ministre srilankais Ranil Wickremesinghe a été désigné président par intérim. 

Un départ compliqué 

Gotabaya Rajapaksa, 73 ans, qui avait promis de démissionner le 13 juillet, a décollé tôt de l'aéroport international de Colombo avec sa femme et deux gardes du corps à bord d'un Antonov-32, ont indiqué à l'AFP des responsables des services de l'immigration.

"Leurs passeports ont été tamponnés et ils sont montés à bord de ce vol spécial assuré par l'armée de l'air", a précisé à l'AFP un responsable de l'immigration. Un responsable de l'aéroport de Malé, la capitale des Maldives, a indiqué vers 22H30 GMT que l'avion s'était posé et que les passagers avaient été conduits sous escorte policière vers une destination inconnue à ce stade.

Selon des sources aéroportuaires srilankaises, l'appareil a été retenu pendant plus d'une heure sur le tarmac de l'aéroport dans l'attente d'une autorisation d'atterrir aux Maldives. "Il y a eu des moments de tension, mais au bout du compte, tout s'est bien terminé", a indiqué un responsable de l'aéroport sous couvert d'anonymat.

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Un président par intérim déjà contesté

Au Sri Lanka, la constitution prévoit, en cas de démission du président, que le Premier ministre assure l'intérim jusqu'à l'élection par le Parlement d'un député. C’est lui qui exercera le pouvoir jusqu'à la fin du mandat en cours, c'est-à-dire novembre 2024.

"En raison de son absence du pays, le président Rajapaksa m'a dit qu'il avait nommé le Premier ministre pour agir en tant que président, conformément à la constitution", a déclaré Mahinda Yapa Abeywardana dans une brève allocution télévisée.

Nous nous retirons pacifiquement du palais présidentiel, du secrétariat présidentiel et des bureaux du Premier ministre avec effet immédiat, mais nous continuerons notre lutte.
Porte-parole des manifestants mobilisés à Colombo

Nommé en mai pour sortir le pays de la pire crise économique de son histoire, Ranil Wickremesinghe est lui-aussi fortement contesté par les manifestants. Ils se mobilisent depuis trois mois et demandent le départ du président par intérim. Ce mercredi, ses bureaux ont été pris d'assaut par des milliers de manifestants. Dans une allocution télévisée, le président par intérim a demandé à l'armée et la police de "faire le nécessaire pour rétablir l'ordre". Au bout de quarante-huit heures, les manifestants annoncent leur départ des bâtiments occupés.

Ranil Wickremesinghe, sri lanka
Ranil Wickremesinghe, Premier ministre du Sri Lanka. Depuis le 13 juillet 2022, au lendemain du le départ forcé du président Gotabaya Rajapaska pour les Maldives, il assure l'intérim à la tête du pays.  
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L’état d’urgence décrété 

Depuis plusieurs mois, l’opposition se fait entendre dans tout le pays. Pénurie alimentaire, crise énergétique, défiance de la population :le Sri Lanka est plongé dans une crise sans précédent. Le gouvernement a ordonné la fermeture des bureaux non essentiels et des écoles afin de réduire les déplacements et d'économiser du carburant. Ces dernières semaines, les tensions sont montées d’un cran. 

La semaine dernière, des centaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées dans le quartier des résidences officielles pour manifester leur colère face à la crise économique sans précédent que connaît le pays. Selon les manifestants, le président est en partie responsable. Certains manifestants ont pu pénétrer dans le palais présidentiel, escaladant les grilles tandis que les gardes s'efforçaient de les retenir juste assez longtemps pour pouvoir emmener le président.

MANIFESTATIONS SRI LANKA
Les manifetstants sont présents en nombre devant la résidence officielle du Premier ministre du Sri Lanka. Depuis le départ forcé du président Gotabaya Rajapaska, c'est lui qui doit assurer l'intérim. 
Rafiq Maqbool / ASSOCIATED PRESS

"Le président ayant quitté le pays, l'urgence a été déclarée pour faire face à la situation dans le pays", a déclaré à l'AFP le porte-parole du Premier ministre, Dinouk Colombage. La police a fait usage de gaz lacrymogènes mercredi pour empêcher la foule d'envahir sa résidence officielle. Un couvre-feu a été instauré dans la province de la capitale Colombo.