Sri Lanka : refoulé à l'aéroport, le président tenterait de fuir par la mer

Le président du Sri Lanka, a été refoulé de façon humiliante de l'aéroport de Colombo par les agents de l'immigration, selon des sources officielles. Il pourrait tenter de quitter le pays par voie maritime, à bord d’un navire de patrouille.
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La résidence officielle du président Rajapaksa envahie par les Sri Lankais
Les Sri Lankais ont envahi la résidence officielle du président Gotabaya Rajapaksa à Colombo le 11 juillet 2022. Le président a accepté de démissionner, il a tenté de quitter le pays ce 12 juillet mais a été refoulé à l'aéroport par les services d'immigration.
© AP Photo/Eranga Jayawardena
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Le président Gotabaya Rajapaksa a promis de démissionner face au mouvement de protestation populaire. Mais n’ayant pas pu partir en avion, ses conseillers discutent de la possibilité pour lui et son entourage de fuir à bord d’un navire de patrouille selon une source haut placée dans le domaine de la défense.

(RE)voir : Sri Lanka : chassé du pays par les manifestants, le président a promis de démissionner
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Le bureau de la présidence ne communique pas sur sa situation, mais le président Rajapaksa demeure le commandant en chef des armées, disposant ainsi de moyens militaires.

Un vaisseau de la marine avait déjà utilisé pour transféré le chef de l'État le 9 juillet du palais présidentiel assiégé par les manifestants au port de Trincomalee, dans le nord-est du pays. Puis, Gotabaya Rajapaksa avait rejoint le 11 en hélicoptère l'aéroport international de Colombo.

"Sortir par la voie maritime"

"La meilleure option maintenant est de sortir par la voie maritime", a déclaré ce haut responsable de la Défense. "Il pourrait aller aux Maldives ou en Inde et prendre un vol pour Dubaï". Une autre option, a ajouté cette source, serait d'affréter un vol depuis l'aéroport international de Mattala.
L'aéroport de Mattala, Sri Lanka
Atterrissage de l'avion transportant le président Mahinda Rajapaksa, le 18 mars 2013, inaugurant le tout nouveau  aéroport "Mattala Rajapaksa International Air Port". Il est situé dans le district d'Hambantota (d'où est originaire le président), à 165 kilometres au sud-est de la capitale Colombo.
© AP Photo/Sanka Gayashan
Ouverte en 2013, cette infrastructure est souvent considérée comme un éléphant blanc, sans vols internationaux réguliers et décrit comme étant probablement l'aéroport international le moins utilisé au monde.

Un peu plus tôt dans la journée, les responsables de l'immigration à l'aéroport de Colombo ont refusé à Gotabaya Rajapaksa l'accès au salon VIP pour faire viser son passeport, alors que le chef de l'État voulait éviter le terminal ouvert au public, craignant la réaction de la population.
 

N'ayant pas encore démissionné, ce qu'il a promis de faire le 13 juillet pour une "transition pacifique du pouvoir", Gotabaya Rajapaksa bénéficie d'une immunité présidentielle. Il pourrait vouloir en profiter pour trouver refuge à l'étranger.

(RE)lire : Qui est Gotabaya Rajapaksa, le président qui a fui le Sri Lanka ?

Le chef de l'État et sa femme ont passé la nuit précédente dans une base militaire proche de l'aéroport international après avoir manqué quatre vols qui auraient pu les conduire vers les Émirats arabes unis.

Son plus jeune frère Basil, qui a démissionné en avril de son poste de ministre des Finances, a aussi manqué son avion pour Dubaï après une confrontation similaire avec l'immigration.

17,85 millions de roupies en liquide 

Basil a essayé d'utiliser un service de conciergerie payant pour les voyageurs d'affaires, mais le personnel de l'aéroport et de l'immigration a annoncé la suppression de ce service rapide avec effet immédiat.

"Certains autres passagers ont protesté contre l'embarquement de Basil sur leur vol", a rapporté à l'AFP un responsable de l'aéroport. "C'était une situation tendue, donc il a quitté l'aéroport précipitamment".

Basil, qui possède aussi la nationalité américaine, devait demander un nouveau passeport après avoir laissé le sien dans le palais présidentiel au moment de la fuite de la famille Rajapaksa face à l'assaut de milliers de manifestants, selon une source diplomatique.

Dans cette fuite, le président srilankais a laissé derrière lui une valise remplie de documents et 17,85 millions de roupies (49.000 euros) en liquide, désormais sous scellés.

Le Premier ministre gouverne par intérim

Si le chef de l'État démissionne comme promis, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe sera automatiquement nommé président par intérim jusqu'à l'élection par le parlement d'un député qui exercera le pouvoir jusqu'à la fin du mandat en cours, c'est-à-dire novembre 2024.

Le Premier ministre Wickremesinghe est toutefois aussi contesté que le président déchu par les manifestants qui campent devant le Secrétariat présidentiel depuis plus de trois mois.
 
Affiche décriant le PM Wickremesinghe
Matériel de propagande déployé devant le bureau présidentiel décriant l'action du Premier ministre Ranil Wickremesinghe, Colombo, le 12 juillet 2022.
© AP Photo/Eranga Jayawardena

Gotabaya Rajapaksa est accusé d'avoir mal géré l'économie, menant à l'incapacité du pays, en manque de devises étrangères, à financer les importations les plus essentielles à cette population de 22 millions d'habitants.

Colombo a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril et est en pourparlers avec le FMI pour un éventuel renflouement.
Le Sri Lanka a presque épuisé ses réserves d'essence. Le gouvernement a ordonné la fermeture des bureaux non essentiels et des écoles afin de réduire les déplacements et d'économiser du carburant.