Strasbourg : l'auteur de l'attaque Cherif Chekatt, tué par la police dans le quartier de Neudorf

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Cherif Chekatt
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L'assaillant de Strasbourg, Cherif Chekatt, a été tué jeudi 13 décembre 2018, peu avant 21h30, par la police dans le quartier de Neudorf, à Strasbourg, 48 heures après l'attaque qui a fait quatre morts et plus de dix blessés. 
Chérif Chekatt, l'auteur de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg, a tiré sur trois policiers qui l'ont abattu, a indiqué le ministre l'Intérieur Christophe Castaner. L'homme âgé de 29 ans a été abattu au 74 rue du Lazaret où un très important dispositif de police avait été déployé. Ce 14 décembre, le marché de Noël, resté fermé depuis l'attentat, a de nouveau ouvert ses portes, en présence du ministre de l'Intérieur. 

Le suspect a été repéré vers 21H00, jeudi 13 décembre,  par un équipage de la "brigade spécialisée de terrain" alors qu'il "déambulait" dans la rue. Ils ont tenté de l'interpeller mais il "s'est retourné, faisant face aux fonctionnaires de police en tirant. Ils ont alors immédiatement riposté et ont neutralisé l'assaillant", a précisé M. Castaner.

L'homme "faisait partie des soldats" du groupe Etat Islamique a affirmé cette organisation via son site Amaq

Une chasse à l'homme de 48 heures

"Attention, individu dangereux, surtout n'intervenez pas vous-même", la Police nationale avait lancé un appel à témoins mercredi soir pour retrouver l'homme le plus recherché de France.

Fiche signalétique : individu de 1,80 m, "peau mate", "corpulence normale" et "marque sur le front". Toute personne en possession "d'informations permettant de le localiser" était appelée à composer un numéro de téléphone dédié, le 197.

Ce jeudi, plus de 700 membres des forces de l'ordre étaient à la recherche de l'auteur présumé de l'attentat de Strasbourg qui a fait quatre morts et plus de dix blessés dont cinq graves, l'un d'entre eux en état de mort cérébrale, selon un bilan revu à la hausse par la préfecture du Bas-Rhin. 

Cherif Chekatt, un Français âgé de 29 ans, s'était fait remarquer par l'Administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en 2015. Il a fait l'objet d'un suivi de la DGSI. Il comptait pas moins de 67 antécédents judiciaires, dont 27 condamnations en France, en Allemagne et en Suisse pour des faits de droits commun.

Né à Strasbourg, ce multirécidiviste de 29 ans avait fait de la prison des deux côtés du Rhin. Sa radicalisation et son prosélytisme étaient manifestes en 2015, rappelait mercredi le Procureur de Paris.

Enquête ouverte par le parquet de Paris

Une enquête avait été ouverte dès mardi soir par le parquet de Paris pour "assassinats, tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle".

"Les investigations sont confiées à plusieurs services d'enquête: la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT), la direction interrégionale de la police judiciaire de Strasbourg  (DIPJ) et la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)".

Les gendarmes avaient tenté d'interpeller l'assaillant mardi matin dans le cadre d’une enquête pour tentative d’homicide. En vain. 

Un suspect fiché "S" parmi 273 dans le Bas-Rhin

Dès mardi soir, la préfecture du Bas-Rhin annonçait que le suspect était fiché "S" ("sûreté de l'Etat"). La région de Strasbourg compte près de 300 fichés "S" selon le maire de la ville.


"Au 21 sept 2018, le Bas-Rhin comptait 273 fichés "S", dont 40 à Strasbourg prêts à passer à l'acte", affirme André Reichardt, sénateur LR du Bas-Rhin, sur TV5MONDE. "Peut-être faut-il réduire le nombre de fichés "S" pour être plus efficace dans le suivi", s'interroge le sénateur qui co-préside la Commission d'enquête sur l'organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe. 

Ce que l'on sait de la fusillade de Strasbourg

Selon la préfecture du Bas-Rhin, "vers 20h, un individu armé est rentré dans le périmètre du marché de Noël par le pont du Corbeau en se dirigeant vers la rue des Orfèvres. L'individu a ouvert le feu, blessant plusieurs personnes". Le ministre de l'Intérieur a déclaré pour sa part que la fusillade a commencé à 19h50 en "trois points" de la ville.

Des témoins avaient alors indiqué à l'AFP avoir entendu plusieurs coups de feu aux alentours de 20H00. "On a vu plusieurs personnes courir. L'une d'elle est tombée, je ne sais pas si c'est parce qu'elle a trébuché ou parce qu'elle a été touché. Les gens du bar ont crié 'ferme, ferme' et le bar a été fermé", a raconté un témoin joint par l'AFP et confiné dans son appartement.

L'assaillant avait été blessé par des militaires de Sentinelle avant de prendre la fuite : "Il s'est confronté par deux fois avec les forces de sécurité avec échanges de tirs entre 20h20 et 21h00."

Le périmètre de la Grande Ile avait été bouclé et la circulation des tramways interrompue. Une cellule d'urgence médico-psychologique avait été ouverte place Gutenberg dans les locaux de la Chambre de Commerce et de l'Industrie (CCI).

Vigipirate placé en "urgence attentat"

Mardi, le ministre de l'Intérieur a annoncé que le plan Vigipirate passait en "urgence attentat" avec la mise en place de contrôle renforcés aux frontières et la mise en place de contrôles renforcés sur l'ensemble des marchés de Noël en France "pour éviter les risques de mimétisme".

Le président Emmanuel Macron s'était rendu Place Beauvau peu après minuit, avec le Premier ministre Edouard Philippe. Le chef de l'Etat avait rendu hommage aux victimes par un bref message sur Twitter: "Solidarité de la Nation tout entière pour Strasbourg, nos victimes et leurs familles."

La France toujours sous menace terroriste élevée

Cette fusillade est intervenu alors que la France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d'attentats djihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015.
La France a été frappée deux fois cette année au cours d'attaques qui ont fait cinq morts. Le dernier a succombé à une attaque au couteau menée par Khamzat Azimov, assaillant de 20 ans abattu par la police, dans le quartier touristique de l'Opéra, à Paris le 12 mai 2018. 

La précédente attaque en France remonte au 23 mars 2018 à Carcassonne et à Trèbes (Aude - sud de la France): Radouane Lakdim, un délinquant radicalisé de 25 ans, avait volé une voiture à Carcassonne dont il avait abattu le passager et blessé le conducteur par balles. Il avait ensuite tiré sur des policiers devant leur caserne avant d'entrer dans un supermarché à Trèbes où il avait tué un boucher, un client ainsi que le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame qui s'était offert comme otage à la place d'une femme.