Quels sont les grands défis qui attendent ce nouveau président ? Le nouveau président est ministre des Affaires étrangères depuis deux ans, ce qui, à mon sens, est un atout. Le précédent était ministre de la Défense, plutôt orienté vers l'intérieur du pays (ndlr : le président est toujours l'un des sept "conseillers fédéraux", ou ministres, du gouvernement). Francophone et tourné vers l'extérieur, Didier Buchhalter est le garant d'une forte visibilité internationale pour le pays. D'autant plus qu'il a démontré son efficacité et sa capacité de travail dans les négociations avec l'Union européenne à son poste de ministre des Affaires étrangères. La Suisse est dans une période très tendue avec le reste du monde, à commencer par la France et l'Allemagne, et notamment sur les dossiers fiscaux et le secret bancaire. Or ces négociations sont menées par le département des Finances, qui n'a pas forcément les compétences diplomatiques souhaitables. Le Parlement s'apprête d'ailleurs à refuser l'
accord signé avec la France sur l'imposition des doubles successions. Fort de son rôle de président, Didier Buckhalter pourrait, entre autres, influencer la suite des négociations. Avec qui le nouveau président devra-t-il composer ? Nous avons également un débat interne sur l'immigration, comme tous les pays européens, mais d'autant plus vifs que la Suisse ne fait pas partie de l'Union européenne. Plusieurs initiatives sur l'immigration massive vont être votées, et la Suisse, elle aussi, est soumise à la tentation de verrouiller ses frontières. Didier Burkhalter doit pouvoir sensibiliser les Helvètes, et le reste du monde, à l'intérêt et à l'envie qu'a la Suisse de rester ouverte. Nous sommes un pays qui a vécu et s'est développé grâce à l'immigration, et qui doit - c'est essentiel - rester ouvert au monde. Notre économie a besoin de main d'oeuvre, de cerveaux et d'échanges avec l'Union européenne. Didier Buckhalter devra maintenant composer avec l'aile droite du Parlement, mais aussi avec l'aile gauche qui, elle aussi, s'oppose à une circulation trop ouverte des travailleurs par crainte du dumping salariales. Ce sera un travail d'équilibriste, entre les facteurs internes et externes, pour lequel son expérience de ministre sera précieuse. Mais n'est-ce pas ainsi que la Suisse se fait depuis toujours ?