Fil d'Ariane
Le premier parti de Suisse, appartenant à la droite radicale, veut soumettre à la population un plan pour dire "Non à une Suisse à 10 millions d'habitants". Selon l'UDC tous les problèmes du petit pays alpin sont liés à une immigration incontrôlée".
Des policiers patrouillent le long de la frontière dans la ville de Feres, le 30 octobre 2022.
L'Union Démocratique du Centre (UDC, droite populiste) a déposé ce mercredi 4 avril 114 600 signatures à la Chancellerie fédérale à Berne, sur les 100 000 prévues par la loi et collectées en moitié moins de temps que la période légale.
Les Suisses pourront donc voter sur le texte, qui va jusqu'à prévoir la dénonciation de l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'Union européenne. Il peut se passer de nombreux mois voire des années entre le dépôt d'une initiative et un vote.
Un signal fort, en pleine négociations d'un rapprochement entre la Suisse et l'UE, auquel l'UDC est farouchement opposée. Le site internet du parti ne laisse aucune place à l’ambiguïté.
"Du manque de sécurité aux embouteillages quotidiens en passant par la hausse des primes d'assurance maladie, tous nos problèmes sont liés à l'immigration de masse incontrôlée. Face à cela, il existe une solution : "L'initiative pour la durabilité".
Le référendum propose donc de modifier la Constitution, en stipulant que "la population résidente permanente de la Suisse ne doit pas dépasser dix millions de personnes avant l’année 2050".
"Si la population résidente permanente de la Suisse dépasse neuf millions et demi de personnes avant l'année 2050", le gouvernement et le parlement "prennent des mesures, en particulier en matière d'asile et de regroupement familial, en vue d'assurer le respect de la valeur limite fixée".
Pour l'UDC, qui a encore renforcé sa position de premier parti du pays lors des élections parlementaires en octobre, la définition de la population résidente permanente est assez restreinte : les citoyens suisses qui y habitent et les étrangers qui ont un titre de séjour de un an au moins ou séjournant en Suisse depuis au moins douze mois.
Si 9,5 millions de personnes vivaient dans le pays avant 2050, le parti propose que "les personnes admises temporairement ne pourraient plus recevoir de permis d'établissement ni être naturalisées" et "le regroupement familial devrait également être restreint".
La Suisse devrait aussi introduire des clauses d'exception ou de protection dans les accords internationaux auxquels elle adhère s'ils contribuent à la croissance démographique.
Si tout cela ne suffit pas pour respecter la limite, la Suisse devra finalement mettre fin à l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'UE comme frein d'urgence.
Selon l'Office fédéral de la statistique (OFS), fin juin 2023, le pays comptait 9 006 664 personnes (citoyens suisses, étrangers en résidence permanente ou non, y compris les demandeurs d'asile, sont pris en compte).
La population résidente permanente d'habitants locaux et étrangers comprenait 8 902 308 personnes. Les étrangers résidents permanents représentent environ un quart de la population vivant en Suisse.
"Aujourd'hui, il y a trop d'étrangers et ce ne sont pas les bons étrangers qui arrivent", a déclaré le président du parti Marcel Dettling dans le communiqué accompagnant la présentation de l'initiative. Selon l'OFS, le solde migratoire présente une augmentation de 68 800 habitants en 2022.
Le solde naturel – naissances moins décès – représente une augmentation de 7900.
Les projections de l'OFS datant de 2020 prévoient que la population atteindra 10,4 millions d'habitants en 2050, avec un "scénario bas" de 9,5 millions et un "scénario haut" de 11,4 millions.