Fil d'Ariane
Première femme à diriger le ministère suisse de la Défense, Viola Amherd a annoncé mercredi sa démission à la presse. Elle a également présenté un projet du gouvernement pour attirer plus de femmes dans l'armée.
Viola Amherd, alors présidente de la Confédération suisse, au sommet de l'Union européenne à Budapest le 7 novembre 2024.
"Après plus de 30 ans de travail politique, dont plus d'un quart de siècle dans une fonction exécutive, il est temps pour moi de passer le relais", a déclaré lors d'une conférence de presse à Berne la Conseillère fédérale, entrée au sein du gouvernement collégial en 2019.
L'annonce de la démission de Viola Amherd, (parti du Centre, 62 ans), intervient quelques semaines après la fin de son année présidentielle, les ministres suisses présidant en effet le gouvernement à tour de rôle.
Elle était très critiquée par le parti de la droite radicale UDC (Union démocratique du centre), première force politique du pays, qui avait exigé ce week-end sa démission. L'UDC lui reproche notamment de vouloir rapprocher la Suisse, pays neutre, de l'Otan.
Avant l'annonce de sa démission, Viola Amherd a fait le point sur les effectifs en baisse de l'armée.
L'armée suisse, organisée comme une milice, est également engagée dans les secours en cas de catastrophes (la "protection civile"). Encadrés par quelques milliers de professionnels, les conscrits effectuent un service de quatre mois minimum, avant d'être appelés à participer six fois à suivre des sessions de trois semaines d'entraînement.
Ses effectifs ont été profondément revus à la baisse ces dernières décennies, passant de plusieurs centaines de milliers pendant la Guerre froide à près de 147.000 en 2024, en raison surtout de la mise en place du service civil en 1996.
Ils dépassent encore légèrement la limite de 140.000 militaires fixée dans l'ordonnance sur l'organisation de l'armée.
"La protection civile est sous-alimentée et ce problème s'accentue d'année en année. A la fin de cette décennie, l'armée connaîtra le même problème, notamment en raison du grand nombre de départs pour le service civil", a expliqué Mme Amherd.
"Vu la situation actuelle de la menace en Europe et dans le monde, l'insuffisance des effectifs de ces deux organisations n'est pas tolérable aux yeux du Conseil fédéral (gouvernement NDLR)", a-t-elle ajouté, soulignant que "dès lors, il est nécessaire de développer le système de l'obligation de servir".
Aussi, le gouvernement "entend introduire une journée d'information obligatoire pour les femmes", et a chargé le ministère de la Défense d'élaborer un projet en ce sens, a-t-il expliqué dans un communiqué.
Il a également chargé le même ministère de lui faire une proposition pour la suite d'ici fin 2027 sur la base d'un rapport incluant diverses options, dont l'obligation de servir pour "chaque personne de nationalité suisse".