Fil d'Ariane
Si la tendance se confirme, l’UDC pourrait battre son score historique de 2007 (28,9%) et dépasser les 30% des voix au niveau national. Un tremblement de terre, qui remettrait en cause les équilibres au parlement et au Conseil fédéral. Dissidente exclue de l’UDC, la ministre des Finances Eveline Widmer-Schlumpf verrait son siège gravement menacé.
Sur la base des premiers résultats, l’UDC gagnerait déjà sept sièges au Conseil national, selon un décompte de l’Agence télégraphique suisse. En termes de voix, cela donnerait une progression de 2 à 2,5% pour l’UDC, de 1 à 1,5% pour le PLR, et un net tassement du centre et des écologistes.
En duplex de Suisse, les premiers résulats à 19h00 (17h00 TU) :
Décryptage du succès de l’UDC par le politologue Oscar Mazzoleni et les analyses des dernières tendances par nos partenaires suisse de Le Temps :
Spécialiste de la droite nationale, le politologue Oscar Mazzoleni voit dans la progression de l’UDC le résultat d’une stratégie médiatique particulièrement réussie. «L’UDC a d’une part bénéficié du climat d’inquiétude créé par la vague migratoire sur l’Europe, même si la Suisse ne connaît finalement pas le chaos que la droite annonçait. Mais comme lors de la catastrophe de Fukushima qui a joué en faveur des Verts [en 2011], le climat international a profité à l’UDC.»
Par contre, ajoute le politologue, «ce qui est entièrement nouveau, c’est le renversement stratégique. Il y a quatre ans, ce parti avait mené une campagne très offensive, tout en visant une augmentation de ses sièges au Conseil des Etats. Ce climat agressif n’avait pas convaincu l’électorat modéré. Cette fois, l’UDC a réussi à se libérer de la vision médiatique qui lui collait à la peau, à se débarrasser de son image de grand méchant loup. Notamment auprès des jeunes, avec des clips jouant sur l’autodérision. Ce parti a en quelque sorte dépolitisé une partie de sa communication, tout en mobilisant sa base par deux initiatives et un référendum en quelques mois, contre la burqa, contre la réforme de l’asile, pour la primauté du droit national.»
A Zurich, selon les premières projections, l’UDC gagnerait un siège, comme le PLR. Le PS progresserait en gagnant deux sièges, les Verts, Vert’libéraux et bourgeois-démocrates en perdraient chacun un. L’UDC atteindrait 32%, une progression de 2,2%, alors que le PLR gagnerait 4,4%, renforçant l’idée d’un «virage à droite» dans le plus grand canton suisse. Le PS réussirait à gagner deux sièges, au détriment des Verts et des Verts’libéraux.
En Argovie, canton-test par excellence, le parti de Christoph Blocher atteindrait le score de 38,6% (contre 34,8% en 2011) et gagnerait un siège, de même que le PLR, alors que le PS en perdrait un. Dans le canton de Berne, l'UDC gagnerait un siège alors que Verts et Vert'libéraux en perdraient chacun un.
L’UDC progresserait aussi dans les Grisons, au détriment du PBD. Le parti d’Eveline Widmer-Schlumpf ne perdrait pas de siège, mais reculerait de 6 points par rapport à 2011, à 14,4% des voix. La fille de Christoph Blocher, Magdalena Martullo-Blocher, est élue au Conseil national, un réel exploit dans un contexte politique local très compétitif.
Ailleurs en Suisse alémanique, la même tendance est à l’œuvre presque partout, sauf dans les cantons urbains. L’UDC gagnerait un siège à Lucerne et progresserait à Soleure de 5,4%, pour atteindre 29,7% des voix. Elle prend un siège au PS dans le canton de Schwyz, éjectant le chef de son groupe parlementaire Andy Tschümperlin.
En Suisse romande, la tendance est moins marquée, mais l’UDC pourrait gagner un siège au détriment du PS à Fribourg, selon la RTS. Elle progresse aussi en Valais et atteint 23,5% des voix dans le canton de Vaud, avant le dépouillement des principales villes.
Le politologue Claude Longchamp a esquissé sur Twitter les grandes directions du scrutin: l’UDC gagne au détriment du PLR dans les petits cantons, le PLR gagne au détriment des Vert’libéraux en Suisse orientale, tandis que la gauche se renforce dans les grandes villes.
Seul soulagement à ce stade pour le centre, très malmené, et les soutiens d’Eveline Widmer-Schlumpf: Martin Landolt, le président de son parti, le PBD, a été réélu au Conseil national dans le canton de Glaris. «Ce sera une voix de plus» pour la réélection de la conseillère fédérale, s’est-il réjoui sur Blick.ch.
Dans les cantons urbains, en revanche, la gauche fait de bons scores, comme à Bâle-Ville ou Zurich. Dans ce canton, le PS retourne au Conseil des Etats après 32 ans d’absence grâce au très social-libéral Daniel Jositsch. Les perspectives en revanche ne sont pas bonnes pour Bastien Girod (Verts) et Martin Bäumle (PVL). Une défaite du président des Vert’libéraux sur ses terres affaiblirait un peu plus le centre.
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