Le lanceur d'alerte Edward Snowden a permis une prise de conscience sans précédent de la réalité de l'écoute massive des Etats envers les populations. Aujourd'hui, le refus, de la part de gouvernants de pays démocratiques comme la France, d'aider le lanceur d'alerte qui a potentiellement démontré que
Georges Orwell était un visionnaire avec son roman d'anticipation politique "1984", résonne de façon inquiétante chez les défenseurs des libertés publiques.
Les libertés individuelles, dont le droit à la vie privée, seraient-elles désormais aussi peu importantes que les sociétés censées les défendre pourraient les bafouer de la même manière que le font les dictatures ? La loi de programmation militaire votée en décembre dernier offre à l'administration française, rappelons-le, des capacités de surveillance très proches de celles de la NSA, et
est calquée sur le modèle du Patriot Act américain, selon l'avocat spécialiste du numérique, Olivier Itéanu. La France semble donc plutôt copier le grand frère américain en matière de surveillance et écoutes de la population, que vouloir défendre les libertés, dont la première : celle du droit à la vie privée.
Christian Paul affirmait lors d'une question à la ministre en charge du numérique de l'époque, Fleur Pellerin, que "Les méthodes massives des agences de renseignements américaines, divulguées par Edward Snowden et Glenn Greenwald entre autres, ont inquiété justement le monde entier. La France doit en tirer toutes les leçons, au plan international comme au plan intérieur, pour sa souveraineté comme pour la protection des libertés. J’espère qu’un jour, pas trop lointain, nous pourrons entendre E. Snowden sur le sol français, et pourquoi pas, à l’Assemblée nationale. Au sein de cette Assemblée, nous avions dénoncé la vente de matériels de surveillance par les sociétés françaises Amesys et Qosmos à des régimes dictatoriaux : la Libye, c’est établi, et c’était avec la complicité de la majorité de l’époque ; et d’autres semblent s’être arrêtés aux portes de la Syrie. Imaginez un instant, devant l’ampleur du drame et de la barbarie qui se sont abattus sur le peuple syrien, que l’on découvre demain que des entreprises françaises ont fourni des technologies de surveillance massive au régime de Bachar El-Assad. Plus que jamais, l’encadrement de ces activités est nécessaire pour éviter la dérive, tôt ou tard, vers une société de surveillance." Les efforts de Christian Paul pour un meilleur encadrement des outils de surveillance numérique sont, à ce jour resté vains. Force est de constater que l'opacité semble toujours la règle en la matière.
Le Brésil accordera-t-il ou non l'asile politique à Edward Snowden ? Les défenseurs des libertés individuelles attendent la décision avec une certaine impatience. De toute évidence, en Europe, Edward Snowden reste un homme plus encombrant qu'autre chose.