Sylvie Goulard : la candidate française à la Commission rejetée par le Parlement européen

Le Parlement européen a rejeté jeudi à une large majorité la candidature de Sylvie Goulard, ex-ministre désignée pour siéger dans la future Commission européenne par le président français Emmanuel Macron, qui devra donc lui trouver un remplaçant après ce revers.
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sylvie goulard
La candidature de Sylvie Goulard à la Commission européenne a été rejetée le jeudi 10 octobre par les députés européens.
© AP Photo/Olivier Matthys
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Sylvie Goulard a été recalée par 82 voix contre 29 pour et une abstention par les eurodéputés des commissions du Parlement qui l'avaient auditionnée pour la seconde fois ce jeudi 10 octobre 2019.

Sur Twitter, l'intéressée a pris acte de la décision des députés.

 


"Tout le monde est contre Goulard sauf Renew Europe", la formation à laquelle elle appartient, avait indiqué à l'AFP une source parlementaire avant le vote.
Mme Goulard avait été désignée par la présidente allemande de la nouvelle Commission, Ursula von der Leyen, pour un important portefeuille regroupant le Marché intérieur, l'Industrie, la Défense, l'Espace, le Numérique et la Culture. 
Elle est la troisième candidate recalée par les députés européens après le conservateur Hongrois Laszlo Trocssanyi (PPE) et la socialiste roumaine Rovana Plumb.
Le Parlement européen devait décider si Sylvie Goulard avait toutes les compétences requises pour son portefeuille et si elle présente toutes les garanties d'intégrité personnelle et d'indépendance.

Les doutes exprimés sur son intégrité et son indépendance lui ont imposé de répondre à des question écrites après sa première audition le 2 octobre. Elles ont été jugées insuffisantes et l'ont obligée à se soumettre à l'épreuve d'une seconde audition.
Deux enquêtes sont en effet en cours, l'une par la justice française, l'autre par l'office anti-fraude de l'UE (Olaf), sur sa participation à un système d'emploi fictif présumé pour son parti, le MoDem, en rémunérant un assistant parlementaire en France avec les fonds européens accordés aux députés par le Parlement européen.

C'est maintenant à vous de prendre votre décision en votre âme et conscience, en garantissant la présomption d'innocence.

Sylvie Goulard

"Mme Goulard doit expliquer pourquoi une enquête qui l'a contrainte à démissionner de son poste de ministre en France ne l'empêcherait pas de devenir commissaire européen", avait expliqué à l'AFP le chef d'un groupe politique avant l'audition.
Des interrogations ont également été émises sur les activités ayant justifié d'importantes rémunérations obtenues entre 2013 et 2016 de l'institut Berggruen, fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, alors qu'elle était députée européenne. L'Olaf a confirmé à l'AFP enquêter sur "d'éventuelles irrégularités concernant les activités que Mme Goulard a menées pour l'Institut Berggruen alors qu'elle était députée européenne".

Sylvie Goulard a rappelé jeudi qu'elle n'avait pas été mise en examen et a invoqué la présomption d'innocence pour refuser de retirer sa candidature.
Elle a insisté sur la confiance que lui avait accordé la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et a déclaré que si elle venait à être mise en examen, elle démissionnerait dès lors que Mme von der Leyen l'exigerait.
"C'est maintenant à vous de prendre votre décision en votre âme et conscience, en garantissant la présomption d'innocence", a-t-elle conclu.
Le Parlement européern doit voter l'investiture de la nouvelle commission le 24 octobre lors de sa session plénière à Strasbourg (France).

"Besoin de comprendre"

Emmanuel Macron a dit jeudi 10 octobre "ne pas comprendre" les raisons du rejet de la candidature de la Française Sylvie Goulard à la Commission européenne, évoquant d'un ton acide "ce qui s'est joué de ressentiment, peut-être de petitesse" dans le vote des eurodéputés.
"Je me suis battu pour un portefeuille, j'ai soumis trois noms", a commenté le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse à Lyon: "On m'a dit +votre nom est formidable, on le prend+ et puis on me dit finalement +on n'en veut plus+. Il faut qu'on m'explique".
Selon Emmanuel Macron, la présidente élue de la Commission, Ursula Von der Leyen, l'aurait assuré avoir obtenu l'accord des groupes PPE (centre-droit), PSE (social-démocrate) et Renaissance (centriste et libéral) à la candidature de Mme Goulard. "Je ne comprends pas comment, quand la présidente de la commission nommée a une discussion avec les trois présidents de groupe et (qu'ils) se mettent d'accord sur quelque chose, ça peut bouger comme ça. Donc j'ai besoin de comprendre", a-t-il poursuivi.
"Je suis très détendu, ce qui m'importe c'est le portefeuille. J'ai besoin de comprendre ce qui s'est joué de ressentiment, peut-être de petitesse", a insisté le président français.

L'entourage d'Emmanuel Macron avait jugé auparavant que Mme Goulard, sèchement retoquée jeudi par 82 voix contre 29, avait fait les frais à Bruxelles "d'un jeu politique qui touche la Commission européenne dans son ensemble".