Fil d'Ariane
du privilège historique" d'être membre permanent du Conseil avec droit de veto. "L'histoire ne sera pas tendre avec les pays du Conseil qui restent silencieux face à ce carnage." a-t-elle prévenue.
Interrogé sur France Info, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a appelé la Russie et l'Iran, soutiens du régime Assad, "à faire preuve de responsabilité". Le régime de Bachar el-Assad a manifestement fait le choix de l'escalade militaire", a-t-il affirmé. "Sans un coup d'arrêt à cette stratégie qui conduit à l'impasse, Moscou et Téhéran seront complices des crimes de guerre commis à Alep".
Dans un communiqué lundi matin, le Kremlin fustige les déclarations " inadmissibles des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne à l'ONU ". Vitali Tchourkine, ambassadeur de la fédération de Russie auprès des Nations Unis a rejeté la responsabilité de cette impasse sur la coalition internationale conduite par Washington : " des centaines de groupes ont été armés, le pays a été bombardé sans discernement ", a-t-il dit. " Dans ces conditions, ramener la paix est désormais une tâche presque impossible. "
Et concernant le rétablissement de la trêve ? " C’est l’objectif de nous aimerions avoir, de même que la reprise de négociations ". Un souhait. Aucune décision annoncée, aucune date prévue. Et pendant ce temps, à Alep, la stratégie de la terreur se poursuit.
Interrogé par France-Info, Carlos Francisco, chef de la mission "Syrie" de MSF, affirme que la situation humanitaire sur place est désespérée : "Les médecins syriens à qui je parle m'ont envoyé des images où l'on voit les victimes soignées à même le sol. Il n'y a plus assez de lits. Il est très difficile pour les équipes de secours d'accéder aux bâtiments effondrés car les bombardements sont intenses et ininterrompus, explique-t-il. Le peu de médecins qui restent à Alep sont débordés. La station qui fournit l'eau à la partie Est d'Alep a été touchée par les bombardements. Un coup dur de plus dans ce désastre humanitaire. Il y a 250 000 personnes qui n'ont plus d'eau potable. Pour le courant, les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs mais on ne sait pas jusqu'à quand les réserves de carburants vont tenir...C'est la pire situation jamais vécue à Alep. La ville a déjà connu beaucoup de bombardements l'an passé. Mais là, il y a le siège de la ville, qui empêche à toute aide humanitaire d'entrer et qui empêche l'évacuation des blessés."
Ahmad Hajjar, un habitant du quartier rebelle d'Al-Kallassé, raconte à l'AFP que sa rue est jonchée de " bombes à sous-munition " qui n'ont pas explosé : " Un voisin a été tuée par l'une d'entre elles. Je l'ai vu trébucher sur elle, elle a explosé et l'a déchiqueté. C'était une scène horrible. "
Geneviève Garigos, d'Amnesty International, précise : " Depuis que la Russie est entrée dans le conflit ouvertement, elle a procédé à des bombardements de zones d'habitation, d'objectifs civils qui pourraient constituer des crimes de guerre. C'est ce soutien qui permet de prendre au piège les personnes à Alep. (…) Nous avons alerté au mois d'août sur l'utilisation une fois de plus d'armes chimiques au chlore qui auraient été lancées sur la ville le 2 août. On voit bien qu'il y a un acharnement qui concerne vraiment les civils pris au piège. (…) On assiste impuissant à la destruction de la ville mais aussi à la mort de tous ces civils."
Ce lundi 26 septembre, les bombardements se poursuivaient sur Alep, ville à l'agonie où 250 000 habitants des quartiers rebelles ne reçoivent plus d'aide de l'extérieur depuis pratiquement deux mois.