Ils sont hauts comme trois pommes, certains n'ont sûrement jamais connu la paix en Syrie, et tiennent dans leurs petites mains, des feuilles de papier où sont dessinés des Pikatchus, des Carapuces… et ces messages :
, écrits en arabe et en anglais. Depuis le 20 juillet dernier, ces clichés ne cessent de fleurir et d’être partagés sur les réseaux sociaux.
Espérant alerter l’opinion et la communauté internationale sur la situation en Syrie après cinq ans de guerre, le
Revolutionary Forces of Syria Media Office (RFS), l’organe de presse qui soutient l’armée syrienne libre (ASL) a profité de la frénésie mondiale du jeu en réalité augmentée, pour faire passer son message. Les photos sont accompagnées de mots clés : #PrayforSyria ("Priez pour la Syrie") et #PokemoninSyria ("Pokémon en Syrie").
Le RFS n'est pas le seul à avoir détourné l'application Pokémon Go pour mettre en lumière la triste réalité en Syrie.
Le jeune graphiste et web designer syrien Saif Aldeen Tahhan, installé au Danemark, a, lui, remplacé les Pokémons par des objets du quotidien auxquels la population syrienne n'a pas ou plus accès. Par exemple, on peut trouver une trousse à pharmacie ou une peluche au milieu des ruines. "J'espère que le message parviendra au monde entier", a-t-il écrit sur sa page Facebook. Il a également expliqué à l'AFP qu'il voulait "attirer l'attention sur la souffrance des Syriens dans cette guerre".
Fin juillet, un autre artiste syrien, Khaled Akil, a publié sur son blog des photos de presse détournées où apparaissent Aquali dans une rue dévastée par les bombardements, Dracaufeu sur un tank auprès de jihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui sème la terreur en Syrie et ailleurs, et Pikachu triste près d'une voiture calcinée. "L'idée m'est venue en lisant les infos et en voyant l'actualité syrienne côtoyer celle de Pokémon Go", a confié M. Akil à l'AFP. "J'ai recherché des photos de destruction de ma ville Alep et j'ai imaginé le jeu Pokémon Go en Syrie et l'impact de la guerre sur ces créatures", a-t-il déclaré.Cinq ans de guerre
Le conflit en Syrie est loin d'être terminé. Entre samedi 23 et dimanche 24 juillet, quatre hôpitaux de campagne et une banque de sang de la ville d'Alep ont été touchés par des bombardements aériens. Un nouveau-né a été tué dans l'un de ces hôpitaux.
Les quartiers de l'Est de la deuxième ville de Syrie sont totalement assiégés depuis le 17 juillet par les forces de Bachar al-Assad qui contrôlent déjà l'ouest de la cité divisée depuis 2012. Ces derniers mois, plusieurs hôpitaux ont été endommagés et des membres du personnel médical tués dans les quartiers Est d'Alep.
Depuis son début en 2011, le conflit a déjà fait ans 280 000 morts et forcé la moitié de la population à fuir le pays. Les enfants, population vulnérable, font partie des premières victimes de cette guerre. Selon l'ONG
Save The Children, environ 12 000 enfants ont été tués depuis le début du conflit, et plus de 2,3 millions ont dû quitter le pays.
Commentaires : Pascale Bourgaux. © TV5MONDE