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Commentaire de Sophie Golstein
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Syrie : évacuation de quatre villes assiégées

En vertu d'un accord conclu en mars, et qui inclut un échange de prisonniers entre rebelles et forces gouvernementales, 30 000 personnes sont en cours d'évacuation de Foua, Kafraya, Madaya et Zabadani.

Après une longue attente, civils et combattants ont commencé, ce vendredi, à être évacués de quatre villes assiégées en Syrie, tandis que les alliés du président Bachar al-Assad se réunissaient à Moscou sur fond de tensions américano-russes.

Des milliers de personnes sont montées dans des cars pour quitter en même temps deux villes assiégées par les rebelles, Foua et Kafraya, et deux autres encerclées par le régime, Madaya et Zabadani.

Médiation Iran/Qatar

Cette complexe opération a été rendue possible par un accord entre toutes les parties qui a été parrainé par le Qatar, soutien des rebelles, et l'Iran, allié du régime.

A Rachidine, une ville à l'est d'Alep tenue par l'opposition, quelque 5000 habitants sont arrivés de Foua et Kafraya à bord d'environ 80 autocars et de 20 ambulances. Un grand nombre de femmes, d'enfants et de personnes âgées étaient à bord de ces véhicules escortés par des combattants, notamment de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie rebaptisée Fateh al-Cham.

En vertu de l'accord, les 16 000 habitants de Foua et Kafraya doivent se rendre, via Rachidine, à Alep, à Damas ou dans la province de Lattaquié (ouest), places fortes du régime.

Angoisse et colère

Parallèlement, quelque 65 cars ont quitté Madaya et Zabadani, deux enclaves rebelles assiégées par les forces gouvernementales dans la province de Damas. Ils devaient se diriger vers la province rebelle d'Idleb.
 

"Les gens sont déroutés. Le sentiment qui prévaut c'est l'angoisse, la tristesse et la colère", a affirmé Mohamed Darwich, un médecin de Madaya. "Nous ne savons pas ce qui va arriver à ceux qui restent et nous ignorons quelle sera notre destinée. Nous espérons pouvoir revenir bientôt. C'est malgré tout notre terre".

"C'est vraiment très dur de voir devant vous ceux qui vous ont assiégés et qui vous ont fait mourir de faim et vous ont bombardé", a témoigné Amjad al-Maleh, un autre habitant de Madaya, au moment où des forces du régime montaient dans les bus pour les fouiller.

Plus de 30 000 personnes sont censées être évacuées en vertu de l'accord qui conclu en mars qui a débuté mercredi avec un échange de prisonniers. Les combattants concernés par ces départs ont été autorisés à garder leurs armés légères.

Réconciliation locale

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), il resterait 150 rebelles à Zabadani qui seront évacués vendredi tandis que des milliers de civils à Madaya ont choisi de demeurer sur place.

Depuis le début du conflit syrien en 2011, plusieurs opérations d'évacuation ont déjà été organisées, notamment pour des bastions insurgés asphyxiés par un long siège, le régime misant sur ce qu'il appelle des accords de "réconciliation locale" pour faire plier les rebelles.

Réunion à Moscou

Dans un entretien accordé mercredi à l'AFP à Damas, le président syrien Bachar al-Assad a affirmé que "le déplacement qui se fait dans ce contexte est obligatoire". "Nous ne l'avons pas choisi, et nous souhaitons que toute personne puisse rester dans son village et dans sa ville (...) Ils rentreront bien sûr chez eux après la libération", a-t-il assuré. De son côté, l'opposition a qualifié "les transferts forcés de crimes contre l'Humanité".

L'ONU a évalué à au moins 600 000 le nombre de personnes vivant dans des zones assiégées pour la plupart par les forces gouvernementales et à 4 millions celles résidant dans des régions difficiles d'accès.

Loin du terrain syrien, l'activité diplomatique reste intense à Moscou où les chefs de la diplomatie iranienne et russe, dont les pays sont alliés de Damas, ainsi que le ministre syrien des affaires étrangères, se rencontraient pour faire le point.

Cette réunion se tenait une semaine après la frappe américaine sur une base aérienne syrienne menée en représailles à l'attaque chimique présumée qui a fait 87 morts le 4 avril dans la ville rebelle de Khan Cheikhoun dans le nord-ouest.

Attaque chimique

L'administration américaine a imputé la responsabilité de cette attaque au régime de Bachar al-Assad, la qualifiant jeudi de "crime de guerre".

M. Assad a pour sa part déclaré que cette attaque chimique était "une fabrication à 100%", qui a été montée par "l’Occident, principalement les Etats-Unis" pour "servir de prétexte" à la frappe du 7 avril contre la base aérienne.

Avec cette déclaration, M. Assad a fait preuve de "100% de mensonges" et de "cynisme", a dénoncé vendredi le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault.