Syrie : la révision du programme scolaire par le nouveau régime crée la controverse

Le nouveau ministre syrien de l’Éducation a présenté, ce 1er janvier, une refonte du programme scolaire. Il concerne les élèves de la première classe de primaire, jusqu’à la troisième année du secondaire. Rapidement, les critiques ont fusé. Au cœur de la controverse, de drastiques changements, notamment en histoire et en sciences.

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Enfants à Damas

Des enfants syriens quittent leur école après la classe dans le centre de Damas, jeudi 19 décembre 2024.

AP Photo/Leo Correa
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Le 8 décembre dernier, les rebelles syriens, unifiés autour de l’organisation HTC, prenait le contrôle de la capitale Damas. À peine un mois plus tard, le nouveau pouvoir en place a présenté une réforme du programme scolaire. À partir du 1er janvier, toutes les références à l’ancien régime Assad sont supprimées. Mais ce sont d’autres changements qui provoquent un véritable tollé, et forcent, le nouveau ministre syrien de l’Éducation à temporiser.

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En effet, certaines « modifications » en sciences et en histoire au nom de « l’intérêt général » font l’objet de nombreuses critiques. Nombre de ces changements laissent présager, un enseignement fortement influencé par un rigorisme islamique.

Une histoire remodelée

Tous les symboles du régime Assad ont été supprimés des manuels. Parmi eux, il y a notamment la suppression de « l’éducation nationale », une matière mêlant instruction civique et histoire, à la gloire d’Hafez al-Assad et son fils Bachar. Toutefois, ce ne sont pas ces changements qui ont provoqué de vives réactions.

Certains événements historiques ont été réécrits. Afin de défendre les intérêts de la Turquie, soutien des rebelles d’HTC qui ont renversé Bachar al-Assad, quelques rectifications ont été faites. Par exemple, l’empire ottoman qui a longtemps régné sur la Syrie est désormais présenté comme un « pouvoir » et non un « occupant ».

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Un rigorisme omniprésent

Le ministre syrien de l’Éducation a bien tenté d’éteindre la polémique en précisant au lendemain de la parution de la réforme, que tous les changements visaient à « supprimer les symboles et la glorification de l’ancien régime ». Pourtant, plusieurs versets coraniques ont été, eux aussi, réinterprétés.

Une modification en particulier a fait l’objet de vives critiques. Le verset traitant de « ceux qui ont provoqué la colère de Dieu » a subi une réinterprétation, pointant du doigt la responsabilité des communautés juives et chrétiennes. Ces communautés sont désormais jugées comme « égarées ».

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L’omniprésence de Dieu est aussi une des critiques faites à ce nouveau programme. Il n’est plus possible, de dire que quelque chose ou quelqu’un « est régi par la loi de la justice » mais plutôt « régi par la loi de Dieu ».

Une nouvelle façon de traiter les sciences

Enfin, en ce qui concerne l’enseignement scientifique, les changements sont là aussi nombreux. La théorie de l’évolution est évincée notamment tous les cours sur l’origine et l’évolution de la vie. Toutes les découvertes en matière de neurologie sont supprimées. Un autre exemple, les dieux et la mythologie antiques disparaissent eux aussi du programme.

Cette controverse sur la refonte des programmes scolaires fragilise la crédibilité du nouveau pouvoir syrien, qui cherche à rassurer la communauté internationale depuis sa prise de pouvoir le 8 décembre dernier.