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Syrie : le cimentier Lafarge soupçonné de "complicité de crime contre l' humanité"

Lafarge SA , géant franco-suisse du ciment a été mis en examen jeudi 28 juin à Paris. L'accusation est grave : "complicité de crime contre l'humanité". En cause, l'activité de sa cimenterie en Syrie, dans une zone  controlée par le groupe Etat Islamique. 
Le cimentier Lafarge racheté en 2015 par le suisse Holcim est mis en examen, notamment pour complicité de crimes contre l'humanité en Syrie. La justice francaise a suivi les réquisitions du parquet.  C'est la conséquence d'une sombre affaire sur fond de guerre civile en Syrie.

►Lire : Les errements de Lafarge en Syrie, un scandale à fragmentation

Entre 2011 et 2014, en dépit des combats et des enlèvements, Lafarge continue de faire fonctionner sa cimenterie de Jalabyia, près d'Alep. Ses camions et leurs marchandises circulent.   
Or, d'anciens employés du cimentier ont fourni la preuve de laissez-passer délivrés aux salariés par le groupe Etat Islamique et dûment monnayés ... ce que Lafarge a reconnu.
Les magistrats ont estimé avoir réuni des "indices graves et concordants" contre le cimentier pour ordonner sa mise en examen en tant que personne morale pour "complicité de crimes contre l'humanité", "financement d'une entreprise terroriste", "mise en danger de la vie" d'anciens salariés de son usine syrienne de Jalabiya au nord du pays et "violation d'un embargo", a-t-on appris de source judiciaire.

Financement d'une entreprise terroriste

Le groupe est ainsi soupconné d'avoir versé près de 13 Millions d'Euros à plusieurs groupes armés via sa filiale syrienne pour le maintien de son usine. 
Huit dirigeants et cadres du cimentier avaient déjà été mis en examen pour financement d'une entreprise terroriste. 

Le Quai d'Orsay savait et cautionnait, a expliqué Christian Herrault, ex-responsable Moyen-Orient de l'entreprise. Il se rendait au ministère français des affaires étrangères tous les 6 mois et avait  reçu pour  consigne de rester. A l'époque, Laurent Fabius est ministre des affaires étrangères. 

L'ONG Sherpa qui avait porté plainte en 2016 salue une décision historique.
Elle espère maintenant un fonds d'indemnisation indépendant pour les victimes, d'anciens salariés et leurs familles.

 
"L'entreprise aurait dû arrêter le travail et dire à ses salariés de rester chez eux tout en versant les salaires, surtout à ceux qui ont le plus de difficultés économiques. Mais ils ne l'ont pas fait. Mon neveu est resté travailler, il allait et venait jusqu'à ce que Daesh l'arrête."
Yassin Yassin, oncle d'un employé de l'usine enlevé et exécuté par l'EI
Le groupe devra s'acquitter d'une caution de 30 millions d'euros dans le cadre d'un contrôle judiciaire. Le groupe LafargeHolcim, né de la fusion en 2015 du francais Lafarge et du suisse Holcim, a aussitôt annoncé que sa filiale LSA saisirait la cour d'appel pour contester des "infractions qui ne reflètent pas équitablement (ses) responsabilités".
 

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