Les forces kurdes ont chassé, lundi 26 janvier, le groupe Etat islamique de la ville syrienne de Kobané, à la frontière turque. Les combattants kurdes tentent désormais de libérer de l'emprise des djihadistes les villages alentour.
Symbole de la résistance contre le groupe Etat islamique, Kobané est retombée dans le giron des forces kurdes lundi 26 janvier. La force des Unités de protection du peuple kurde (principale milice kurde, YPG) est parvenue à expulser l'EI de cette ville, à l'aide des frappes de la coalition internationale dirigée par Washington.
Jusqu'à présent, les forces kurdes, sous-équipées, avaient reculé face aux assauts de l'EI qui était parvenu à prendre plus de 60% de la ville et semblait sur le point de s'en emparer. Mais ce lundi 26 janvier a marqué un tournant.
Mustefa Ebdi, militant kurde de Kobané, a affirmé à l’AFP que «
des combattants de l’EI ont été vus en train de fuir sur des mobylettes de Maqtala, ils n’ont opposé aucune résistance ».
La reprise de Kobané représente ainsi la plus importante défaite pour les djihadistes après plus de quatre mois de combats acharnés dans la ville et depuis l'apparition du groupe dans le conflit syrien en 2013.
Mais les troupes du groupe Etat islamique restent très présentes dans plusieurs dizaines de hameaux de la région de Kobané où les responsables kurdes et des militants ont annoncé que la "
bataille de la libération" de ces régions avait commencé. "
Nous nous engageons à poursuivre cette campagne et promettons la victoire", a déclaré le groupe dans un communiqué.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des combats étaient en cours mardi 27 janvier au sud-est et au sud-ouest de Kobané, les forces kurdes parvenant à reprendre un village voisin.
Célébration
Près de 200 000 civils kurdes avaient fui la ville et ses environs pour la Turquie dans la foulée des combats qui ont fait plus de 1 800 morts, dont plus de 1 000 djihadistes, depuis le 16 septembre.
Après les célébrations dans la plupart des régions kurdes syriennes, les premiers résidents ont commencé à retourner en petit nombre à Kobané, qui comptait 50 000 habitants avant les combats et a subi d'importantes destructions.
"
Les gens sont heureux, le moral est au plus haut", a affirmé Idriss Nassane, vice-adjoint aux Affaires étrangères du canton de Kobané, qui se trouvait mardi à l'intérieur de la ville.
Il a toutefois appelé les habitants à patienter avant de rentrer. "
Les destructions sont énormes, au moins 50% de la ville est en ruines", a-t-il souligné. "Il n'y a pas les infrastructures de base, ni nourriture, ni médicaments, ni électricité, ni eau".
M. Nassane a affirmé que l'exécutif du canton appellerait à l'aide la communauté internationale pour la reconstruction mais aussi pour l'armement afin de "
continuer le combat".
Refus d'intervention
Dès lundi soir, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues principales de villes à majorité kurde du Sud-Est de la Turquie ou à Istanbul pour célébrer la victoire.
Le lendemain, les forces de sécurité turques ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre des groupes de personnes qui s'approchaient de la frontière pour célébrer la reprise de Kobané par l'YPG. La police est également intervenue à Suruç (au Sud) pour empêcher tout passage à la frontière syrienne, dans la partie turque, vers la ville de Kobané
Malgré la pression de ses alliés, le gouvernement islamo-conservateur turc a refusé d'intervenir militairement au profit des forces kurdes qui ont défendu Kobané contre les djihadistes. Ankara ne voulait pas renforcer les Kurdes de Syrie, proches des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mènent la rébellion sur son sol depuis 1984.