Syrie : qui sont les Druzes et pourquoi sont-ils attaqués ?

Les Druzes forment environ 3% de la population syrienne. Cette communauté issue d'une branche de l'islam chiite s'est implantée également au Liban et en Israël. En Syrie, ils sont considérés avec méfiance par une partie de la communauté sunnite dont sont issues les nouvelles autorités.

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Le leader druze, Cheikh Laith al-Balous

Le leader druze, Cheikh Laith al-Balous, au centre sur la photo, dans le sud de la région de Soueida, près de la route où on a retrouvé les corps de 4 combattants druzes, le 1er mai 2025.

© AP Photo/Omar Albam
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Les Druzes forment un mouvement religieux issu de l’ismaélisme, lui-même une sous-branche de l’obédience chiite.  Il est considéré comme une secte ésotérique par les plus orthodoxes des Sunnites. Cette religion (qui sort de l’islam au XIe siècle) est fondée sur le secret, seuls les initiés ont le droit de la connaître. La croyance en la réincarnation est un des piliers de leur religion

Les écrits qui inspirent ce courant religieux n'ont pu être connus que suite au pillage et aux prises de guerre dans les montagnes entre Liban, Syrie et Palestine où les Druzes se sont réfugiés comme l'explique le chercheur Daniel de Smet, sur France culture, en 2013.

Guerriers redoutables, ils ont joué un rôle de premier plan dans la révolte contre la puissance mandataire française sur la Syrie il y a une centaine d'années.

La province de Soueida en Syrie

Les 700.000 Druzes de Syrie vivent principalement dans le sud, notamment la province de Soueida, proche d'Israël, mais aussi dans des poches du nord-ouest et près de la capitale Damas.

Voir Syrie : les Druzes sont visés par une vague de violences au sud de Damas

Cette communauté a tenté de rester à l'écart de la guerre civile, née de la répression sanglante par Bachar al-Assad d'un soulèvement populaire en 2011, et qui a ravagé le pays.

Même s'ils ne forment qu'une infime partie de la population syrienne, les Druzes ont tenté de préserver une certaine liberté d'action sous le président déchu Bachar al-Assad, et la défendent farouchement face aux nouveaux dirigeants islamistes.

Les Druzes se sont principalement attachés à protéger leurs territoires et ont évité en grande partie l'enrôlement forcé dans l'armée syrienne.

Avant la chute de Bachar al-Assad, la province de Soueida, qui se plaignait de discrimination, avait été le théâtre de manifestations antigouvernementales pendant plus d'un an.

Pendant la guerre civile, les druzes ont formé leurs propres groupes armés, dont les principaux sont le "Mouvement de la dignité" et la "Brigade de la Montagne".

Certains groupes ont engagé des négociations avec le nouveau pouvoir central pour l'intégration de combattants au sein des forces de sécurité, à l'instar d'autres formations armées syriennes.

Ainsi, 400 combattants druzes ont rejoint les forces dépendant du ministère de la Défense et 500 autres les forces de la Sécurité générale, a indiqué Rayane Maarouf, rédacteur en chef du site local Suwayda 24. 

Le plateau du Golan

S’appuyant sur le fait qu’il existe aussi une minorité druze en Israël, intégrée dans les forces de sécurité du pays contrairement aux Palestiniens d’Israël, l’État hébreu s’offre en protecteur des Druzes de Syrie. L’aviation israélienne a bombardé un groupe armé sunnite accusé de se préparer à attaquer les Druzes au sud de la capitale, puis de nouveau vendredi matin une cible près du palais présidentiel à Damas.

Voir Syrie : pourquoi Israël se pose en "protecteur des druzes" ?

Environ 150.000 druzes vivent en Israël. La majorité d'entre-eux s'identifient comme Israéliens. Les hommes sont enrôlés dans l'armée, les femmes en sont exemptées. 23.000 d'entre-eux habitent dans les 34 localités du Golan annexé. Ils se revendiquent pour la pluspart Syriens tout en ayant le statut de résidents en Israël.

Voir Israël : des druzes syriens en pèlerinage

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël, par l'entremise de figures druzes qui y résident, multiplie les gestes d'ouverture envers les druzes syriens.

L'État hebreu leur a envoyé des colis humanitaires et a déjà autorisé à deux reprises des délégations de dignitaires religieux à se rendre en Israël pour un pèlerinage, malgré l'état de guerre entre les deux pays. Il avait affirmé vouloir défendre les druzes dès le mois de mars, à la suite d'escarmouches dans la banlieue de Damas.

Mais ces propos avaient été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie.