Le président américain Donald Trump a annoncé, dans la nuit du vendredi 13 avril, une opération militaire en cours contre la Syrie, avec l'appui de la France et du Royaume-Uni, pour punir le régime de Bachar al-Assad qu'il accuse d'une attaque à l'arme chimique contre des civils.
"Une opération conjointe est en cours avec la France et le Royaume Uni, nous les remercions tous les deux", a déclaré Donald Trump, qui s'exprimait à la Maison Blanche. Au moment même où le président s'exprimait, des détonations étaient entendues à Damas, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Donald Trump a dénoncé les attaques chimiques "monstrueuses" menées par le régime de Damas et a promis que l'intervention comprenant des "frappes de précision" durerait "aussi longtemps qu'il le faudrait".
De Londres, la première ministre britannique Theresa May a affirmé qu'elle ne voyait "pas d'alternative à l'usage de la force". Donald Trump a mis en garde l'Iran et la Russie, qui ont déployé des milliers d'hommes et du matériel pour aider Bachar al-Assad à reconquérir le pays, contre leurs liens avec la Syrie.
Trump accuse la Russie d'avoir "trahi" sa promesse
Donald Trump a exhorté Moscou "à quitter la voie sinistre" du soutien à Bachar al-Assad. Il a affirmé que la Russie avait "trahi ses promesses" de 2013 sur l'élimination des armes chimiques syriennes.
Il a aussi estimé que le sort du régime de Damas était entre les mains des Syriens. En avril 2017, Donald Trump avait fait bombarder une base militaire syrienne, en riposte à une attaque au gaz sarin imputée au régime, qui avait tué plus de 80 civils à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest du pays.
Cette fois encore, c'est une attaque chimique présumée, le samedi 7 avril à Douma, près de la capitale syrienne, qui est à l'origine des frappes déclenchées dans la nuit de vendredi à samedi après une mobilisation de la communauté internationale, déjà saisie par l'horreur d'une guerre civile qui a fait plus de 350.000 morts depuis mars 2011.
Le bombardement intervient quelques heures seulement après que le Département d'Etat a assuré avoir "la preuve" de l'utilisation d'armes chimiques par les forces de Bachar al-Assad.
Le "prix fort"
Le président américain avait rapidement adopté une rhétorique belliqueuse après l'attaque, dénonçant dès le lendemain une "attaque chimique insensée", prévenant qu'il faudrait en "payer le prix fort" et pointant du doigt la "responsabilité" de la Russie et de l'Iran soutenant "l'animal Assad".
Quelques jours plus tard, le 11 avril, il avait tweeté: "La Russie jure d'abattre n'importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et 'intelligents !".
La France s'est très vite associée à Washington en promettant notamment une "réponse forte et commune". Depuis Paris, le président français Emmanuel Macron a tenu à souligner que les frappes françaises étaient "circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l'emploi d'armes chimiques". Londres, qui a montré un peu plus de réticence, s'est dit déterminé avec Washington "à ne pas laisser l'usage d'armes chimiques se poursuivre" et a évoqué "des mesures" contre Damas.
La mise en garde de Moscou
Dans l'autre camp, le régime syrien nie toute utilisation d'armes chimiques et a averti à l'ONU qu'elle n'aurait "d'autre choix" que de se défendre si elle était attaquée. Le président russe Vladimir Poutine, soutien indéfectible du régime syrien, avait mis en garde contre tout "acte irréfléchi et dangereux", qui pourrait avoir des "conséquences imprévisibles". Russes et Iraniens ont beaucoup d'hommes sur le terrain pour aider Damas à reprendre tout le pays à de multiples groupes rebelles.
Les conséquences d'une frappe accidentelle ou non sur des soldats de ces deux pays sont difficiles à évaluer. C'est contre ce risque de déflagration régionale, voire plus large, que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a voulu mettre en garde vendredi 13 avril, évoquant le danger d'une "escalade militaire totale" en Syrie.
Selon un bilan à mi-mars de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau d'informateurs à travers la Syrie, 106.390 civils ont été tués dont près de 20.000 enfants.
Dans ce pays qui comptait quelque 23 millions d'habitants avant le conflit, environ la moitié de la population a été contrainte de fuir son foyer en raison des combats. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, plus de 5,4 millions de Syriens avaient fui à l'étranger. Un chiffre qui date de décembre 2017...
La Russie, indéfectible soutien au régime de Bachar al-Assad, a fait usage à douze reprises de son veto en sept ans de conflit sur des projets de résolution au Conseil de sécurité contre la Syrie. Près d'une centaine de bus chargés de combattants et de civils se préparaient vendredi 13 avril à quitter Douma, ultime poche rebelle dans la Ghouta orientale, où sont attendus des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), ont rapporté les médias étatiques syriens. L'armée russe, qui soutient militairement Assad, a annoncé jeudi la reprise de "la totalité de la Ghouta orientale" par le régime.