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Technologie : Elon Musk dévoile son interface cerveau-machine Neuralink

La startup Neuralink fondée en 2017 par Elon Musk affirme avoir mis au point son interface cerveau-machine pour piloter des ordinateurs par la pensée. Le projet, à la fois fascinant et effrayant, devrait être testé sur des paralytiques l'année prochaine. Explications. 
Imaginez qu'un robot opère votre boîte cranienne pour installer des puces électroniques et des électrodes dans votre cerveau, et qu'ensuite, en vous collant un boîtier minuscule derrière l'oreille, vous puissiez alors directement contrôler un ordinateur ou un smartphone… par la pensée. Ce scénario n'est pas celui d'un épisode de la série d'anticipation dystopique "Black Mirror" — bien qu'y ressemblant fortement — mais celui du projet Neuralink de l'entreprise éponyme d'Elon Musk. Bienvenue dans le monde futuriste du cerveau connecté, avec toutes les réserves, tant techniques, éthiques et médicales que celui-ci comporte…

Neuralink : une technologie existante améliorée

Les interfaces cerveau-machines existent depuis plusieurs années et ont déjà été testées en laboratoire. Leur principe est le suivant : récupérer et interpréter les informations électriques envoyées par les neurones dans des zones précises du cerveau par le biais de capteurs numériques. En résumé : des centaines —  ou des milliers dans le cas de Neuralink — de dispositifs de type "microélectrodes" (à base de polymères souples de quatre à six micromètres d’épaisseur) sont implantés dans le cerveau et lisent les signaux neuronaux, puis les convertissent et les relient à des circuits électroniques sous forme de 0 et de 1 afin d'être traités au final par des ordinateurs.

Ces systèmes, appelés BCI — pour Brain-computer interface — sont en phase de développement et de tests par l'université de l'Utah, le MIT, l'agence de recherche du ministère de la Défense (Darpa) pour des domaines médicaux ou militaires. Une initiative publique du gouvernement américain a même été mise en place depuis 2014 pour ce domaine : BRAIN. Mais ces dispositifs n'ont pour l'heure jamais été poussés au point d'avoir des applications concrètes établies (bien qu'ils aient déjà permis d'envoyer des textes, bouger des curseurs ou piloter des bras robotiques par le cerveau). Et c'est là où Elon Musk et sa startup Neuralink viennent rebattre les cartes.

Intelligence humaine et artificielle mêlées

Le projet Neuralink vient d'être dévoilé sur le papier et fait frémir plus d'un spécialiste puisqu'il prétend avoir terminé le développement d'une sorte de "kit neuronal éléctronique", permettant d'interfacer le cerveau avec des dispositifs numériques. L'opération est réalisée à l'aide d'un robot qui implante 3000 microélectrodes directement sur les neurones,  ainsi que quatre micropuces baptisées "N1", de 4 milimètres par 5. Un petit boîtier placé derrière l'oreille et équipé de technologie de communication sans fil bluetooth, le "pod", récupère ensuite les informations numériques des capteurs pour les envoyer vers des appareils de type ordinateur, smartphone ou tablette. Il est alors possible de commander un dispositif numérique par la pensée.

Le but déclaré de ce BCI est de permettre dans un premier temps d'aider les handicapés et les malades neurologiques. Mais, depuis le départ du projet, Elon Musk a bien spécifié que son objectif central était avant tout "d'augmenter l'intelligence humaine" en la mêlant à l'intelligence artificielle (IA). Musk est convaincu que l'IA va supplanter l'être humain en capacités. Pour lui, la seule solution afin d'éviter à l'humanité de se "faire dominer" par l'IA, est de la "coupler" au cerveau humain. Des cerveaux qui piloteront des algorithmes en apprentissage automatique ?

Premiers cobayes humains : 2020

Un singe a servi de cobaye au système Neuralink, selon Musk et son équipe, et a réussi à "contrôler un ordinateur par la pensée". Cette première étape semble donner des ailes au PDG de la startup, qui annonce les premiers implants sur des êtres humains en 2020. Les différentes étapes du projet Neuralink donnent un peu le vertige. Si, au départ, la startup envisage le traitement des maladies neurologiques (Parkinson, dépression, épilepsie) grâce à son système ainsi que le contrôle de membres robotisés par la pensée pour les handicapés, elle compte aussi — et surtout— offrir une "amélioration des performances et des capacités cognitives humaines". Les possibilités de Neuralink sont quasi infinies — selon ses concepteurs —, au point, par exemple, d'imaginer "un téléchargement d'informations au sujet d'une ville entière" dans le cerveau d'un bénéficiaire des implants. Si l'humain au "cerveau augmenté" est l'objectif d'Elon Musk, les craintes sur la technologie de Neuralink sont à la mesure de ses possibilités : immenses.