Le sénateur Ted Kennedy le 14 décembre 2005 au Capitol à Washington (AFP)
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Ted Kennedy était l'un des représentants de l'aile gauche du parti démocrate. Il avait fait des questions sociales son cheval de bataille, notamment celles concernant le droit à l'éducation et à la santé pour tous. Mais le seul survivant des garçons de la famille Kennedy ne recevra jamais l'investiture de son parti pour l’élection présidentielle.
« La saga politique des Kennedy restera une histoire passionnante »
Entretien avec Axel Krause, journaliste et secrétaire général de l'association de la presse anglo-américaine de Paris.
Que représentait Edward « Ted » Kennedy pour les Américains ? Ted Kennedy était le fils d’une dynastie de présidentiables. On oublie très souvent qu’il y avait quatre frères : d'abord Jack Kennedy qui est mort pendant la deuxième guerre mondiale. C’est lui qui était pressenti par le père Joseph Kennedy pour être candidat à Maison Blanche; John Fitzgerald Kennedy a pris le relais à la suite de ce décès, et est devenu président de la République. Lorsque John Kennedy a été assassiné en 1963, Robert Kennedy reprend le flambeau politique de la famille. Il sera assassiné lui aussi en 1968, alors qu’il se présentait aux primaires du Parti Démocrate pour la Maison Blanche. Et le dernier enfin, Ted Kennedy qui vient de mourir, avait eu lui aussi des ambitions pour Washington.
Ted Kennedy et 6 de ses frères et sœurs en 1939 à Londres
Pourquoi n’a-t-il jamais pu se présenter comme candidat à la Maison Blanche ? C’est à cause d’une histoire tragique qui s’est passée en 1969. Une de ses collaboratrices a perdu la vie dans un accident de voiture. Il était au volant. Il n’a pas fait l’effort de la sauver et s’est enfui. Elle est morte noyée. L’affaire a fait grand bruit, elle a été énormément commentée par la presse. Ça a été un grand scandale. Cet accident a porté atteinte à ses capacités politiques et a donc rendu quasiment impossible ses ambitions présidentielles. Et ces derniers temps, Ted Kennedy était très malade et pour beaucoup d'Américains, il ne pouvait plus briguer de mandat. On savait à peu près depuis un an et demi qu’il avait une tumeur au cerveau. Il était très affaibli. Pourquoi dit-on qu’il était l’un des plus grands sénateurs américains ? C’était un sénateur très influent auprès de ses collègues. Il avait participé aux grandes réformes des États–Unis, y compris pour les réformes entreprises par Barack Obama. Comme le vice-président Al Gore, il s’était donné à fond pour la cause de l’environnement. Il avait beaucoup travaillé pour la cause de l’immigration et il s’était beaucoup investi pour la réforme du système de santé. Comme ses deux frères, il avait du charisme et bénéficiait de l’aura de sa famille. Il avait beaucoup influencé le parti démocrate. Quelle était sa relation avec le Président Obama ? Barack Obama et Ted Kennedy étaient très proches. Obama avait le soutien de la famille Kennedy (ndlr : Caroline Kennedy, la fille de JFK, et son oncle Ted ont apporté leur soutien au candidat Obama) pour se présenter à la Maison Blanche. Cette relation était extrêmement importante pour l’actuel président, surtout au parti démocrate. Son absence va être un handicap pour le président en ce qui concerne la réforme du système de santé qui sera très discutée dès l’automne. Il n’était pas certes le seul sénateur, mais à présent, Barack Obama va devoir chercher d’autres appuis. La saga politique des Kennedy est-elle close ? Je crois que oui. Il y avait un espoir avec Caroline Kennedy (ndlr : C. Kennedy a refusé le poste de sénatrice de New York, où elle devait remplacer Hilary Clinton, nommée secrétaire d’Etat), mais elle n’a pas voulu s’engager. Il n y a plus personne de cette famille qui souhaite s’investir en politique. C’est un chapitre de l’histoire américaine qui se ferme. Et c’est une page passionnante de l’histoire. Propos recueillis par Christelle Magnout26 août 2009