Fil d'Ariane
Changement de monarque, manifestations massives pour la démocratie en 2020, pandémie de Covid, crise constitutionnelle... Dans un royaume à l'histoire politique récente mouvementée, l'ancien général détonnait par sa longévité. A 69 ans, il se voyait encore diriger de longues années.
"C'est extraordinaire qu'il puisse tenir aussi longtemps", s'est étonné Aaron Connelly, spécialiste de l'Asie du Sud-Est à l'Institut international d'études stratégiques.
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"La longévité politique de Prayut tient en partie à des perceptions selon lesquelles il continue d'avoir le feu vert du régime conservateur-royaliste qui dirige de l'intérieur la Thaïlande depuis les coulisses", explique Thitinan Pongsudhirak.
L'omniprésent Prayut Chan-O-Cha ne va pour autant quitter le gouvernement durant sa suspension. Il continuera à siéger comme ministre de la Défense, poste qu'il occupait en même temps que celui de premier ministre.
Ses soutiens préparent déjà la riposte, avec deux interprétations différentes qui pourraient lui permettre de rester jusqu'en 2025 ou 2027.
Le dirigeant a gardé de son éducation militaire sa posture droite, décrite par ses adversaires comme rigide ou sévère.
Il a justifié le coup d'Etat, orchestré en mai 2014, contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin, en invoquant le sens du devoir pour défendre la monarchie.
Alors à six mois de la retraite, l'ancien commandant en chef de l'armée avait remplacé son uniforme kaki par des costumes cravates ou des vestes traditionnelles col Mao colorées.
"Oncle Tu" ou "Big Tu" aime cultiver l'image d'un homme proche du peuple. Il a poursuivi sa transformation en homme politique lors des élections législatives controversées de mars 2019, qui ont légitimé son pouvoir.
Il se montre intransigeant dès lorsqu'il s'agit de réprimer le mouvement qui réclame sa démission et une réforme de la toute-puissante monarchie, comme lors des grandes manifestations en 2020. La pandémie de coronavirus lui a offert un nouveau prétexte pour resserrer l'étau autour des activistes pro-démocratie.
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Côté politique, "il manque d'une vision générale. Le gouvernement est dans la réaction, il n'est pas pro-actif", relève Sophie Boisseau du Rocher, de l'Institut français des relations internationales (Ifri).
Le général a participé à certaines des pages sombres de l'histoire récente du royaume.
Il est souvent décrit comme l'artisan de l'assaut militaire du 19 mai 2010 contre le camp retranché des "Chemises Rouges" (partisans des Shinawatra). Ceux-ci occupaient le centre de Bangkok pour réclamer la démission du gouvernement de l'époque. Bilan, 90 morts et 1.900 blessés.
Selon une note diplomatique américaine diffusée par le site WikiLeaks, il aurait aussi soutenu le putsch contre Thaksin Shinawatra en 2006
Cet amateur de golf, père de deux jumelles, est promu à la tête de la Première armée (centre du pays, dont Bangkok) en 2006. Il devient ensuite le numéro deux des forces terrestres, puis prend la direction de l'armée en 2010.
Peu après le coup d'État, il avait promis de restaurer la démocratie. Il a mis près de cinq ans pour organiser les élections législatives, le temps de consolider son autorité. Le prochain scrutin, en revanche, prévu en 2023, pourrait bien se dérouler sans lui.
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