Le mariage entre la génétique, la biologie et l'informatique ouvre une nouvelle page de la médecine avec des espoirs de traitements plus efficaces et moins cher. Mais ces promesses s'accompagnent d'importantes questions éthiques.
Le principe de la thérapie génomique est très simple : mieux analyser les cellules cancéreuses et produire des traitements adaptés. En pratique, les chercheurs analysent, informatiquement, les séquences ADN des cellules à la recherche des "défauts" qui ont amené le cancer. L'étape suivante est une "chirurgie" ADN, une correction, grâce à des séquences ADN spécifiques, de la racine du problème.
L'un des buts de la thérapie génomique est aussi de mieux analyser les potentielles tumeurs pour ne pas traiter un patient qui n'a pas le cancer. Fin 2017, un collectif de médecins avait tiré la sonnette d'alarme pour le cancer du sein : jusqu'à 50% des cas dépistés seraient du sur-diagnostic. Concrètement, des personnes peuvent posséder des cellules cancéreuses mais n'ont pas de cancer déclaré - et selon ces médecins, ces cellules, à l'origine de traitements lourds issus du sur-diagnostic, n'auraient pas donné de cancer...
Nicolas Philippe est à la tête d'une société, SeqOne qu'il a créé, qui analyse informatiquement le patrimoine génétique des patients. Il est spécialisé dans la "bio-informatique" et est à la pointe de la recherche en thérapie génomique.
David Gruson a été délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF) et il est membre du comité de direction de la chaire santé de Sciences Po Paris. Il est aussi à l'origine de l'initiative "académique et citoyenne" Ethik-IA qui entend défendre une "régulation positive" de l'intelligence artificielle (IA) et de la robotisation en santé.