La grande problématique de ces accords, que l'on soit pour ou contre leurs objectifs, reste celle du non-retour en arrière pour les Etats. Le secrétaire confédéral de FO souligne cet aspect avec inquiétude : "S'il y a un accord, même un futur gouvernement serait pieds et poings liés avec. Cela signifie que ce gouvernement, s'il voulait créer un nouveau service public par exemple, ne pourrait plus le faire. La Compagnie nationale des mines de France annoncée par Arnaud Montebourg en début d'année n'est plus évoquée, et avec TiSA, elle ne pourrait pas être créée. Pareil pour la BPI (Banque publique d'investissement, ndlr)!" Des régies des eaux privatisées, reviennent dans le giron des municipalités comme à Paris pour cause de flambée des prix et de trop mauvaise qualité de service. Les Accords sur les services et le commerce interdiraient ces "re-municipalisations" de secteurs privatisés.
Le "menottage" des Etats est donc clairement inclus dans TiSA, et celui-ci peut légitimement inquiéter les citoyens. Les fameux
CDS (Credit Default Swap) en cause dans la contamination financière mondiale suite à
la crise des "subprimes" ne pourraient plus être encadrés, avec ces accords. Pascal Pavageau digère d'ailleurs très mal "l'impossibilité de contrôler et de réguler les activités bancaires au cas où les accords seraient signés". FO demandera en septembre au gouvernement "l'arrêt de toutes les négociations et qu'on en sache plus".
A l'Internationale des Services Publics, la vision sur ces accords est encore plus tranchée, et des plus troublantes. Son secrétaire général adjoint, David Boys, déclarait il y a peu
dans un entretien à l'humanite.fr : "Un groupe nommé Coalition des industries et des services, regroupant tous les acteurs de la finance et des multinationales a été constitué (…) Ce consortium a créé une coalition mondiale des services pour créer un groupe d’intérêts incontournables et leur pouvoir de pression est impressionnant."
La dérégulation et libéralisation économique, financière, semble un enjeu majeur pour les grands pays industriels, mais avec une constante désagréable : celle du secret menant à l'écartement des citoyens de décisions centrales pour la vie démocratique. Un constat inquiétant.