Fil d'Ariane
La scène de crime semble interminable. A Toronto, sur près de deux kilomètres jonchés de cadavres, de débris et même d'une paire de chaussures abandonnées, une camionnette blanche a semé, lundi 23 avril, la mort en pleine journée, dans un quartier commerçant, très passant de la ville.
Le dernier bilan provisoire, revu à la hausse en soirée, fait état de 10 morts et de 15 blessés.
"J'ai entendu crier, hurler, je me suis retourné et j'ai vu cette camionnette descendre la rue", raconte Rocco Cignielli.
Le conducteur faisait des zigzags, sur le trottoir, sur la chaussée, il continuait à roulerRocco Cignielli, un employé d'un magasin à proximité du drame
Cet homme de 42 ans, qui travaille dans le service clients d'une enseigne commerciale, voit alors des blessés sur le sol: "On leur faisait des massages cardiaques, deux d'entre eux sont morts là, sous mes yeux".
"Cet acte semble clairement délibéré", a déclaré Mark Saunders, chef de la police de la plus grande ville canadienne qui accueille les ministres des Affaires étrangères et de la Sécurité publique des pays du G7. La réunion se poursuivra comme prévu mardi, a assuré la chef de la diplomatie canadienne, Chrystia Freeland.
> Les explications d'Eric Buchlin, spécialiste des questions de sécurité, sur l'attaque à Toronto.
"Nous ne pouvons pas vivre dans la peur", a déclaré le Premier ministre canadien ce mardi. "Nous allons continuer à apprendre de telles tragédies (...) mais nous devons rester un pays libre et ouvert", a ajouté Justin Trudeau, qui s'exprimait depuis Ottawa.
Répondant à une journaliste qui s'interrogeait sur le fait qu'il ne s'était pas déplacé à Toronto, il a assuré qu'il "s'(y) rendrait bien sûr lorsque cela ferait sens", insistant sur le fait que l'enquête était en cours.
Nous ne pouvons pas vivre dans la peur. Nous allons continuer à apprendre de telles tragédies (...) mais nous devons rester un pays libre et ouvert.
Justin Trudeau, Premier ministre canadien, Ottawa, 24 avril 2018
Dès lundi, Justin Trudeau s'était déclaré "profondément attristé", évoquant en français un "attentat", le terme ne suggérant pas "une connexion terroriste de nature à menacer la sécurité nationale", a précisé à l'AFP son cabinet.
En l'état des informations disponibles, "cet événement ne semble aucunement lié à la sécurité nationale", a réagi pour sa part lundi le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale, laissant entendre qu'il s'agissait d'un acte isolé.
Les informations disponibles à ce stade indiquent que cet événement ne semble aucunement lié à la sécurité nationale.
Ralph Goodale, ministre canadien de la Sécurité publique
Une conclusion partagée par les différentes agences de sécurité et de renseignement du Canada, ajoute le ministre.
Coup de folie ? Le mobile exact du suspect reste à déterminer.
Arrêté moins d'une demi-heure après les faits, non-armé, le chauffeur de la fourgonnette de location a été identifié comme étant Alek Minassian, 25 ans, originaire de Richmond Hills, en banlieue nord de Toronto.
Inscrit comme étudiant au Seneca College, une université publique de Toronto, selon son profil LinkedIn, il a travaillé comme concepteur d'applications pour smartphones. Un individu peu actif sur les réseaux sociaux, selon le site Heavy.
Interrogé depuis son arrestation par les enquêteurs, Alek Minassian a été déféré devant la Cour de justice de l'Ontario ce mardi :
#TorontoAttack : Alek Minassian, l'auteur présumé de l'attaque à la voiture-bélier, est accusé de 10 meurtres prémédités et 13 tentatives de meurtre, comparution de 10 minutes, il sera de retour en cour le 10 mai et va rester en prison d'ici là @TV5MONDEINFO
— Catherine François (@cathyfrancois) April 24, 2018
Les charges retenues contre lui devaient alors être précisées.
La Maison Blanche a adressé ses "pensées et prières aux familles des victimes" et offert au gouvernement canadien "toute l'aide nécessaire". Le président français Emmanuel Macron, en visite d'État à Washington, a exprimé pour sa part sa "profonde solidarité au peuple canadien".