Trêve à Gaza : l'accord reste à trouver

La prochaine étape de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas à Gaza apparaît suspendue à un compromis encore à trouver au dernier jour de la première phase du cessez-le-feu. Les négociations en cours au Caire, entre une délégation israélienne et les médiateurs (Égypte, Qatar, États-Unis), n'ont pour l'instant abouti à aucune annonce officielle.

Image
Gaza ramadan

Une femme palestinienne porte un seau boueux alors qu'elle marche entre des tentes dans un camp de tentes tentaculaire adjacent à des maisons et des bâtiments détruits dans la ville de Gaza, dans la bande de Gaza, le 1er mars 2025 pendant le mois saint musulman du Ramadan.

AP Photo/Abdel Kareem Hana
Partager 2 minutes de lecture

L'accord de trêve est entré en vigueur le 19 janvier, après 15 mois d'une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par une attaque menée le 7 octobre 2023 par des commandos du mouvement islamiste Hamas infiltrés dans le sud d'Israël à partir du territoire palestinien voisin. Arraché par les médiateurs après des mois de discussions compliquées, il comprend initialement trois phases et prévoit notamment le retour de tous les otages israéliens enlevés le 7-Octobre en échange de centaines de détenus palestiniens.

(Re)voir Proche-Orient : fin de la première phase du cessez-le-feu

Les négociations pour la suite du processus s'annoncent ardues. Le Hamas campe sur son refus de discuter d'autre chose que d'une mise en oeuvre de la deuxième phase de l'accord censée garantir la fin définitive de la guerre et le retrait israélien de Gaza, ainsi que la libération des otages encore retenus -une soixantaine dont plus de la moitié seraient morts.

Deuxième phase imminente

"La deuxième phase est censée commencer demain, dimanche", déclare un haut responsable du Hamas, sous le couvert de l'anonymat, accusant Israël de continuer "à jouer la montre et à violer l'accord". Israël souhaite, de son côté, faire libérer davantage d'otages dans le cadre d'une prolongation de la première phase. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu ne cesse de dire qu'il se réserve le droit de reprendre les hostilités à tout moment pour anéantir le Hamas si celui-ci ne dépose pas les armes.

"Prolonger la première phase selon la formule proposée (par Israël) est inacceptable pour nous", a dit un porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, dans un communiqué. Une source proche des discussions indique qu'Israël avait transmis via les médiateurs une proposition de prolonger la première phase afin de réaliser, sur une base hebdomadaire, de nouveaux échanges d'otages contre des prisonniers palestiniens.

(Re)voir Proche-Orient : l'auto-critique de l'armée israélienne

Aucune délégation du Hamas ne se trouve au Caire avec un mandat de négociation, mais les efforts continuent pour tenter de sortir de l'ornière, a ajouté la même source, sans autre précision. De plus, Israël exige que Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé. Ce dernier, qui a pris le pouvoir dans le territoire en 2007, insiste pour y rester.

Libération d'otages et reconstruction

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1 218 personnes côté israélien en majorité des civils selon un décompte basé sur des données officielles. En représailles, Israël a lancé une offensive d'envergure à Gaza qui a fait au moins 48 388 morts la plupart des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et détruit ou endommagé la majorité des bâtiments.

Les quelque 2,4 millions d'habitants du territoire exigu assiégé ont été déplacés dans leur quasi-totalité, vivant dans des conditions catastrophiques. L'ONU avait évoqué une menace de famine. Lors de la première phase de la trêve, le Hamas a libéré 25 otages et rendu les corps de huit à Israël, qui en échange a libéré environ 1 800 détenus palestiniens.

(Re)voir Israël : une stratégie commune et "audacieuse" pour Gaza

Sur les 251 otages capturés le 7-Octobre, 58 se trouvent encore à Gaza dont 34 sont morts selon l'armée israélienne. Une troisième phase devrait être consacrée à la reconstruction du territoire palestinien en ruines.

Bulldozers américains en action

Dans ce contexte d'incertitudes, les États-Unis ont annoncé avoir approuvé la vente de munitions, de bulldozers et d'autres équipements pour un montant de trois milliards de dollars à leur allié israélien qui a utilisé des armes américaines dans la guerre à Gaza. L'armée israélienne recourt à des bulldozers pour détruire habitations et infrastructures en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où elle a lancé en janvier une offensive d'envergure contre les groupes armés palestiniens.

Le 1er mars, une pelleteuse israélienne a détruit un immeuble dans le camp de Nour Chams, largement vidé de ses habitants. Sigrid Kaag, émissaire de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, s'est dite "inquiète des opérations militaires" en Cisjordanie, et déplore les "destructions et déplacements" de population.

Les tractations autour de la trêve coïncident avec le début du ramadan, le mois de jeûne musulman.  "Le ramadan est arrivé, et nous sommes à la rue, sans abri, sans travail, sans argent, sans rien", s'exclame Ali Rajih, père de huit enfants, qui a retrouvé sa maison détruite à Jabalia (nord).