. » Pour Sébastien Wittevert, informaticien reconverti dans le maraîchage, la biodiversité cultivée et toutes les plantes qui la constituent ne doivent absolument pas être perdues. «
», illustre-t-il. Cela alors que selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), 20 à 30 % des espèces animales et végétales, tenants de la biodiversité sur notre planète, pourraient être menacées d’extinction par le réchauffement de la Terre.
Passionné par les graines, Sébastien Wittevert a donc décidé de fonder un réseau de « troqueurs » en 2012. Le but : permettre à ses membres de se transmettre des variétés de plantes et des savoir-faire. Depuis trois ans maintenant, plus de 9 000 personnes issues d'une cinquantaine pays (mais venant principalement de France) ont rejoint le mouvement et partagent des semences pour leurs jardins
via un site internet,
Graines de troc.
« Chacun peut jouer un rôle depuis son jardin »
Pourquoi ces troqueurs s'inscrivent-ils sur le site ? « La motivation première est l'accès au large catalogue, puis vient l'action globale menée par l'association, estime Sébastien Wittevert. Les gens ont compris qu'il est temps d'agir, et ils découvrent avec Graines de troc une manière de le faire, et le fait que chacun peut jouer un rôle depuis son jardin. »
Cyril Iczakowski vit dans le Nord de la France. Pour sa part, il s'est lancé dans le troc de graines au printemps 2015 « pour augmenter le capital végétal de [son] potager ». Pour lui, l'esprit de partage est particulièrement important : « Avec le temps, j'avais accumulé pas mal de graines, dont certaines commençaient à vieillir. Je me suis dit : pourquoi ne pas les partager ? » Une fois le réseau connu via la lecture de la presse, il s'est inscrit et, en quelques mois, a réalisé 170 échanges. S'il prend surtout cela comme un plaisir, il est partisan d'une agriculture raisonnée, et bio, loin de l'industrie des semences. « Mais je reste ouvert aux recherches et à de nouveaux croisements de variétés, s'ils sont durables. »
Frédérique, du Sud-Ouest de la France, a adhéré au réseau à l'automne 2013 en en entendant parler par des amies. « En jetant un coup d'œil sur le site, j'ai vu qu'il était possible de mettre à l'échange les graines qui dormaient dans un placard. Comme j'avais des petits jardins successifs depuis des années, j'avais effectivement des paquets de graines achetés, entamés, mais loin d'être finis. » Deux ans plus tard, elle a participé à plus de 200 échanges, dont les deux tiers au printemps, période des semis. « Il y a deux ou trois mois pendant lesquels on fait des affaires. Après, c'est mort. »
Des graines en libre-accès
Elle a également installé une grainothèque, petite boîte où le tout-un-chacun pour prendre ou déposer des graines, chez son marchand de fruits et de légumes. Dans l'Est du pays, à Grenoble, au pied des Alpes, une autre grainothèque a vu le jour... au milieu des livres, dans une bibliothèque. « Pendant quatre ans, de 2010 à 2014, nous avons installé un jardin éphémère sur la terrasse de notre bibliothèque entre le mois de mai et l'automne, relate Myriam Bottana, responsable de la bibliothèque centre-ville de Grenoble. Depuis, nous avons gardé une installation pérenne, avec des bacs de petits arbres fruitiers, et la grainothèque. »
Impossible de savoir combien de personnes y vont et viennent pour prendre ou déposer des graines, ni combien de variétés de plantes passent par les petites pochettes à remplir, installées près de la boîte à trésors fabriquée en carton de récupération. « Nous ne sommes pas derrière les gens, ils sont totalement libres », précise la responsable. Les graines peuvent provenir des arbres de la terrasse, des collègues, des passants... Une chose est certaine : « ce sont des plantes que les gens cultivent chez eux, qui sont adaptées à une situation géographique précise. C'est important. »