Si l'Iran a affiché ce lundi son scepticisme et appelé la Corée du Nord à la vigilance, à la veille du sommet très attendu entre le président américain et le dirigeant nord-coréen sur la dénucléarisation, Donald Trump, lui, est au contraire "excité" et optimiste comme le montrent ses derniers tweets.
Certes, le retrait récent des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien donne matière aux commentaires négatifs côté Perse.
"En ce qui concerne le comportement des Etats-Unis, leur approche et leurs intentions, nous sommes très sceptiques et nous observons leurs actions avec un pessimisme absolu", a dit à des journalistes à Téhéran le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iraniennes Bahram Ghassemi.
Pour autant, la donne est-elle la même avec la Corée du Nord ? Les deux pays sont tous deux étouffés par des sanctions économiques américaines drastiques. Ils bénéficient aussi tous les deux du soutien de la Chine, pour des raisons idéologiques où pétrolières. Enfin, la question nucléaire est au centre des discussions dans les deux cas, avec dans la ligne de mire de Washington en l'espèce : la dénucléarisation de PyongYang. Mais
a contrario du dossier iranien, les deux principaux protagonistes de ce dossier coréen vont se rencontrer dans quelques heures. Et se parler de vive voix.
Après les noms d'oiseaux et les volte-face, l'entrevue historique semble s'annoncer sous les meilleurs auspices.
"Je pense que cela va très bien se passer", a déclaré le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong, qui a déjà rencontré les deux hommes en préambule.
La cité-Etat a fait envoyer un gâteau à Donald Trump en amont de son 72ème anniversaire le 14 juin : une façon de ne pas contrarier l'enthousiasme affiché par le président américain ?
Depuis qu'il est arrivé à Singapour, le milliardaire américain se montre confiant et impatient. A J-1, l'équipe Trump s'est employée à donner une image encourageante des négociations sur lesquelles la partie nord-coréenne est resté absolument muette.
Personnage central de ce dialogue, le chef de diplomatie américaine, Mike Pompeo, qui a rencontré Kim Jong Un à deux reprises, a assuré que les discussions avec les équipes de PyongYang avaient progressé "rapidement" au cours des dernières heures.
Est-ce à dire qu'en contrepartie d'une dénucléarisation, les Etats-Unis offriraient "une aide économique" et des "garanties de sécurite" telles que souhaitées par PyongYang ?
Avare en détails, le Secrétaire d'Etat a simplement souligné que les Etats-Unis étaient prêts, en échange de sa dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible", à apporter à la Corée du Nord des "garanties de sécurité uniques, différentes" de celles proposées jusqu'ici.
Le sommet, qui offre une visibilité internationale au leader d'un régime cloîtré et dont les déplacements à l'étranger se comptent sur les doigts d'une main, est déjà vu comme une concession de taille de la part des Etats-Unis.
Optimisme partagé
Dans un compte-rendu du déplacement de l'homme fort de Pyongyang, l'agence nord-coréenne KCNA a évoqué l'avènement d'une
"ère nouvelle", confirmant que la dénucléarisation mais aussi
"un mécanisme de maintien de la paix permanent et durable dans la péninsule coréenne" seraient au menu du sommet.
Un haut responsable américain a vu dans cette formulation
"un message d'optimisme".Mais l'exigence américaine bute depuis des années sur la résistance opiniâtre des Nord-Coréens.
En 1994 puis en 2005, des accords avaient été conclus mais aucun d'entre eux n'a jamais été réellement appliqué, et la Corée du Nord a multiplié depuis 2006 les essais nucléaires et balistiques, jusqu'à la dangereuse escalade de l'an dernier.
En rencontrant Kim, Trump mise sur son instinct et ses talents autoproclamés de négociateur hors pair. Mais alors que son administration laissait miroiter un accord historique le 12 juin, elle s'est dernièrement évertuée à faire retomber les attentes, évoquant le début d'un
"processus" inédit.
Les ingrédients d'un éventuel accord sont, à de nombreux égards, les mêmes que par le passé : une dénucléarisation progressive en échange d'un soutien économique, des garanties de sécurité pour le régime reclus et un traité de paix mettant formellement
fin à la guerre de Corée (1950-53).
Reste à savoir dans quelles proportions.
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