Fil d'Ariane
Comme souvent, tout démarre par un tweet avec Donald Trump : "en route pour Camp David pour une réunion importante sur la sécurité nationale, la frontière et l'armée (dont nous faisons rapidement la plus puissante jamais vue)." M. Trump comme son ministre de la défense, qui se réunissent avec leurs équipes dans la résidence présidentielle chargée d'histoire, ont promis une décision "pour très bientôt".
A Camp David, Donald Trump doit effectuer un déjeuner de travail suivi d'une réunion.
Au total, quatre heures de travail entouré entre autres du vice-président Mike Pence, du chef du Pentagone Jim Mattis et de H.R McMaster, qui dirige le Conseil de sécurité nationale, respectivement général des Marines à la retraite et général d'active de l'armée de terre. Donald Trump est frustré et l'a clairement fait savoir à ses conseillers militaires début août. "Nous ne gagnons pas", "nous sommes en train de perdre" s'était plaint le président, selon NBC News. Il avait alors réclamé la tête du commandant des 8.400 soldats américains et 5.000 de l'Otan, le général John Nicholson, qui a reçu un soutien appuyé et très public de Jim Mattis cette semaine.
Nous ne gagnons pas !Donald Trump, président des États-Unis
Seize ans après l'invasion américaine pour punir les talibans d'avoir soutenus les commanditaires du 11-Septembre, malgré des centaines de milliards de dollars dépensés et 2.400 militaires américains tués, les rebelles ont l'initiative sur le terrain. L'armée afghane a subi des pertes insoutenables, le pouvoir central est faible et corrompu et même le groupe Etat islamique semble en passe de prendre pied dans le pays. Il n'y a pas de solutions simples pour le "cimetière des empires". En créant un vide militaire en Afghanistan pour envahir l'Irak en 2003, George W. Bush a permis aux rebelles talibans de se ressaisir. Barack Obama, qui avait promis de mettre fin à la guerre, a dû massivement augmenter les troupes pour éviter que les talibans ne reprennent le pays, avant de pouvoir les ramener au rôle de quelques milliers de conseillers.
Peu de détails sur les scénarios étudiés sont disponibles, mais les recettes sont toujours plus ou moins les mêmes. Pour permettre de reprendre l'initiative sur le terrain, les militaires américains - Jim Mattis en tête - préconisent d'envoyer quelques milliers de renforts américains (le chiffre de 4.000 circule) en guise de béquille à des forces de sécurité afghanes débordées.Les talibans ont décidé de participer au débat, rappelant le peu de succès jusque-là."Il serait donc sage pour vous d'adopter une stratégie de retrait complet d'Afghanistan plutôt que d'accroissement des troupes", écrivent les rebelles dans une lettre, rédigée en anglais et communiquée aux médias mardi. Une opinion qui est partagée par certains membres de l'entourage de Donald Trump. L'aile nationaliste, dont Steve Bannon, le conseiller stratégique du président est la figure de proue, a toujours été réticente à un engagement militaire américain accru. Selon le New York Times, M. Bannon, et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, ont avancé l'idée de confier les tâches de sécurité en Afghanistan à des entrepreneurs privés.
Et depuis quelques semaines, Erik Prince, fondateur de Blackwater, une société de mercenaires qui a laissé de sinistres souvenirs en Irak, propose exactement cela.
Outre un vice-roi qui, à l'instar du rôle joué par le général Douglas MacArthur dans le Japon vaincu de l'après-guerre, n'aurait de comptes à rendre qu'au président des Etats-Unis, Erik Prince propose de remplacer les troupes américaines - à l'exception de forces spéciales- par 5.500 mercenaires chargés d'entraîner les soldats afghans et de se battre à leurs côtés. Une petite armée de l'air privée viendrait compléter le dispositif. Selon M. Prince, qui dit avoir présenté le plan au président, Donald Trump se serait montré intéressé. Les militaires américains sont - sans surprise - vent debout contre cette idée.