Tunisie: l'avocate Sonia Dahmani condamnée à deux années de prison supplémentaires

L'avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani a été condamnée à deux ans de prison supplémentaires pour avoir critiqué le traitement des personnes migrantes subsahariennes dans certaines régions de Tunisie.

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Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse tunisienne.

Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse tunisienne.

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"C'est un coup de massue". Pour Ramla Dahmani, la soeur de Sonia Dahmani, il s'agit "d'un scandale d'État." L'arrestation de l'avocate, retransmise en direct, avait marqué les esprits. Sonia Dahmani, 60 ans, opposante au président tunisien Kaïs Saied, avait été arrêtée le 11 mai 2024 de façon brutale au siège de l'Ordre des avocats par des policiers masqués.

Elle est poursuivie dans cinq affaires liées à des déclarations ou publications dans les médias, notamment l'une où elle critiquait l'existence de cimetières et d'autobus réservés aux personnes noires dans certaines régions de Tunisie. Sur un plateau télévisé en mai 2024, elle a aussi tenu des propos sur l'intention prêtée aux migrants subsahariens de s'installer durablement en Tunisie malgré une grave crise économique. "De quel pays extraordinaire parle-t-on?", avait-elle répondu à un autre chroniqueur.

Le tribunal tunisien l'a condamné ce lundi 30 juin à deux ans de prison supplémentaires, en vertu du décret 54 sur les "fausses nouvelles".

"Je n'ai aucune espoir que la justice rende un verdict juste ou que Sonia ait un procès équitable. On se bat maintenant pour qu'il y ait une pression internationale", déclare Ramla Dahmani.

Elle purge déjà deux peines de 26 mois de prison au total pour avoir enfreint le décret promulgué en septembre 2022 par le président tunisien.

En février 2023, Kaïs Saied avait fustigé l'arrivée de "hordes de migrants subsahariens illégaux" et un "complot" pour "changer la composition démographique" de la Tunisie, un discours qui avait déclenché une violente campagne antimigrants dans le pays.

Depuis que le président s'est octroyé les pleins pouvoirs lors d'un coup de force en juillet 2021, des dizaines d'opposants, avocats, journalistes et militants qui soutiennent des migrants sont emprisonnés, soit en vertu du décret 54, soit pour des motifs liés à la législation antiterroriste ou pour "complot contre l'État".