"Vous aurez honte devant l'Histoire" titre le site du quotidien Cumhuriyet, mercredi 25 avril. Quatorze collaborateurs du principal journal d'opposition en Turquie ont été condamnés à des peines allant de 2 à 8 ans de prison. Tous ont été reconnus coupables d'avoir collaboré avec le PKK, organisation terroriste aux yeux d'Ankara.
Le patron du journal indépendant turc Cumhuriyet ("République" en turc) vient d'être condamné avec 13 autres de ses collaborateurs à la prison. Il a été remis en liberté conditionnelle après avoir passé 542 jours derrière les verrous puisqu'il a fait, avec ses confrères, appel de la décision de justice. Les peines de prison vont de deux ans et demie à plus de 8 ans.
Le quotidien Cumhuriyet est l'un des derniers bastions de la presse indépendante et d'opposition. Une presse que le régime de Recep Tayyip Erdogan s'attèle à faire taire depuis le putsch manqué de juillet 2016.
Après neuf mois de procès, ces journalistes sont condamnés pour "aide à des organisations terroristes" puisqu'ils auraient collaboré avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (le PKK), une organisation jugée terroriste par le pouvoir turc. Pour les organisations de défense des droits de l'Homme et pour les accusés, ce verdict est honteux.
100 médias turcs ont disparu
"Le journalisme n'est pas un crime" titrait, ce jeudi 26 avril, le quotidien indépendant et d'opposition. Mais depuis le coup d'état manqué de juillet 2016, les médias qui émettent des voix contraires à celle du président Erdogan sont poursuivis. En moins de deux ans, plus de 100 médias ont disparu en Turquie dont certains pour connivence supposée avec le prédicateur Fetullah Gullen, accusé par Ankara d'être le cerveau du putsch.
Ces actions du gouvernement et de la justice contre la presse a valu à la Turquie la 157e place (sur 180) dans le classement de Reporters Sans Frontières de 2018 sur la liberté de la presse dans le monde.