Turquie : 326 officiers condamnés pour tentative de coup d'Etat

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Turquie : 326 officiers condamnés pour tentative de coup d'Etat
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C'est une nouvelle défaite pour l'armée turque dans le bras de fer qui l'oppose au pouvoir islamo-conservateur mené par Erdogan. Dans un pays où l'armée a fait et défait les gouvernement pendant des décennies, ce verdict, le premier d'une série de procès, résonne comme un coup de semonce. L'opposition dénonce une chasse aux sorcières.

Les explications

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Un jugement historique

Avec l'AFP
Une première judiciaire Pour ce premier grand procès visant l'armée, les magistrats n'y sont pas allé de main morte, condamnant au total 326 officiers à des peines de douze à vingt ans de réclusion pour avoir tenté de renverser en 2003 le gouvernement de l'actuel Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.     Parmi les plus sévèrement punis, le général Cetin Dogan, considéré comme le cerveau du complot, les ex-chefs d'état-major de l'armée de l'air et de la marine, et une longue liste de colonels. Un jugement salué par l’AKP au pouvoir Les proches du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, ont salué ce jugement inédit : "Ce verdict va mettre un terme à la tutelle des militaires. Il va agir comme une mesure dissuasive, à la fois pour les civils et les militaires", s'est réjoui l'éditorialiste du quotidien pro-AKP Sabah, Nazli Ilicak.     "Même les plus influents des commandants ont été jugés par la justice. C'est un développement positif", abonde le patron du quotidien indépendant Radikal à Ankara, Deniz Zeyrek. "Mais les accusés ont mis en avant des erreurs factuelles, des fausses preuves", nuance M. Zeyre, "les juges qui supervisent ces procès doivent travailler avec une précision d'orfèvre". Des relents de réglement de compte Tout au long du procès, les officiers mis en cause ont nié tout complot.    Alors pour beaucoup, même s'il a sonné la fin bienvenue de l'impunité d'une armée à l'origine de quatre coups d'Etat en un demi-siècle, le verdict rendu vendredi dégage une forte odeur de règlement de comptes politique.     A grands coups d'enquêtes judiciaires, de limogeages et d'incarcérations de hauts responsables, le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 a progressivement mis au pas une armée qui se pose en ultime défenseur de l'héritage laïque de la Turquie moderne.    L’opposition dénonce un jugement impartial Sans surprise, tous les adversaires de l'AKP ont critiqué le verdict "politique" rendu par une justice jugée aux ordres.     Le vice-président du principal parti d'opposition, le Parti républicain populaire (CHP), Bülent Tezcan, a dénoncé une "nouvelle période de coup d'Etat". Et le chef du Parti nationaliste (MHP) Devlet Bahçeli a critiqué un jugement "injustifié et inéquitable", y voyant même une "insulte" à l'armée.     "C'est une tentative de diffamer les forces armées turques, le gouvernement y est pour quelque chose", estime Hikmet Sami Turk, ministre de la Défense avant l'arrivée de l'AKP au pouvoir en 2002. "Cette décision a un effet négatif sur le moral de l'armée au moment où la crise syrienne est à nos portes et où nous sommes confrontés aux séparatistes kurdes", ajoute-t-il. Conscient de ces critiques, le pouvoir s'est gardé de se réjouir. S'il a jugé le dossier "important", le vice-Premier ministre Bülent Arinç a rappelé que les accusés pouvaient encore se pourvoir en cassation.     Le Premier ministre lui aussi a rappelé vendredi que le dossier serait réexaminé par la cour suprême d'appel. "Nous attendons tous une décision juste de sa part", a-t-il toutefois ajouté. Une simple remarque aux allures de menace.