La diffusion de ces écoutes pourrait-elle porter un coup fatal au Premier ministre Erdogan ?
L’étau est clairement en train de se resserrer sur lui. Mais, pour l’heure, nous ne sommes pas sûrs de l’authenticité de l’enregistrement. S’il est avéré que le Premier ministre est impliqué dans un scandale de corruption de grande ampleur et qu’il a tout fait pour étouffer les preuves, il perdra toute légitimité politique et aura beaucoup de mal à justifier son maintien au pouvoir.
Cette affaire va-t-elle avoir des répercussions sur les élections municipales du 30 mars prochain?
Si Erdogan arrive à démontrer qu’il s’agit d’un faux enregistrement grossier, son parti marquera des points. Ou, du moins, il n’en perdra pas. En revanche, si les écoutes sont authentifiées, son parti en pâtira. Une partie de l’électorat de l’
AKP pourrait se tourner vers les kémalistes ou les nationalistes du
MHP, notamment l’électorat un peu centriste qui ne votait pas pour l’AKP par conviction.
Cependant, l’AKP est un parti très bien implanté localement et qui sait très bien faire campagne. Pour l’heure, il est le seul capable de gagner les élections.
L’autre élément qui pourrait faire perdre des voix importantes à Erdogan, serait les prémisses d’une crise économique. L’AKP doit beaucoup sa popularité à son bon bilan économique. Or si la
livre turque continue de dévisser et les capitaux de se retirer, cela pourrait avoir des conséquences sur le scrutin. (La
Commission européenne vient de réduire les prévisions de croissance de la Turquie de 0,5% pour 2014 et de 0,8% pour 2015, ndlr)
Par ailleurs, même si l’AKP baisse dans les sondages, il n’y a personne en face pour les remplacer.
Personne ?
L’opposition a été incapable de capitaliser sur l’énorme
mobilisation de Taksim. Elle se compose de partis divisés sans véritable programme politique. En fait, l’alternative, aujourd’hui, c’est la société civile. Il faudrait que des candidats indépendants, issus de cette société civile, se présentent aux élections municipales.