Turquie : le président Erdogan espère que la France "va se débarrasser du problème Macron"

Le chef d’État turc Recep Tayyip Erdogan a émis, vendredi, le souhait de voir la France "se débarrasser le plus tôt possible" du président Emmanuel Macron. Une déclaration sur fond de tensions fortes entre les deux pays sur de nombreux dossiers.
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Erdogan macron
Image prétexte. 19 janvier 2020 à Berlin lors d'une conférence sur la situation en Libye à la chancellerie allemande. Depuis 2019, les relations entre le président  français, Emmanuel Macron et le président Turc Recep Tayyip Erdogan se sont refroidies, sur fond de désaccords sur la Syrie, la Libye, la Méditerranée orientale et plus récemment, concernant le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie au Nagorny Karabakh. De gauche à droite : Recep Tayyip Erdogan, Emmanuel Macron, Angela Merkel. 
AP Photo/Michael Sohn
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"Macron est un problème pour la France. Avec Macron, la France vit une période très dangereuse. J'espère que la France va se débarrasser du problème Macron le plus tôt possible", a déclaré M. Erdogan à des journalistes à Istanbul après avoir participé à la prière du vendredi dans l'ex-cathédrale Sainte-Sophie transformée en mosquée en juillet.

"Sinon, ils (les Français) n'en finiront pas avec les gilets jaunes, qui pourraient devenir des gilets rouges", a-t-il ajouté en référence au mouvement de protestation de fin 2018 en France.

Au cours d'un long entretien au média en ligne Brut vendredi, le président Macron, interrogé sur ces propos, a plaidé pour le "respect": "nos sociétés sont de plus en plus violentes, elles le sont aussi parce que les dirigeants ont donné un exemple de violence et donc je pense que l'invective entre dirigeants politiques et n'est pas la bonne méthode", a-t-il dit.

Une relation dégradée depuis 2019

Les relations entre la Turquie et la France se sont progressivement dégradées depuis l'an dernier, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye, la Méditerranée orientale et plus récemment le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie dans le Haut-Karabakh.

Mais les tensions ont été exacerbées en octobre lorsque M. Erdogan a mis en cause la "santé mentale" de M. Macron, l'accusant de mener une "campagne de haine" contre l'islam pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet et pour son discours contre le "séparatisme" islamiste en France.

Regarder : Turquie : la France rappelle son ambassadeur après les propos d'Erdogan sur "la santé mentale" de Macron

M. Erdogan a affirmé vendredi que la France, qui copréside le groupe dit de Minsk chargé de favoriser un règlement au conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, avait "perdu son rôle de médiateur" après que le Sénat et l'Assemblée nationale français ont adopté des résolutions favorables à une reconnaissance du Haut-Karabakh.

"Mon cher ami Aliev (le président azerbaïdjanais Ilham Aliev) a donné un conseil aux Français leur disant que s'ils aiment tant les Arméniens, ils n'ont qu'à leur donner Marseille. Moi aussi, je leur donne le même conseil", a-t-il ajouté.

Dans une apparente allusion aux actions du gouvernement turc et à leurs conséquences, M. Macron avait affirmé en septembre que "le peuple turc, qui est un grand peuple, mérite autre chose". Ankara avait vivement réagi à ces propos, qu'il a perçus comme une tentative de dresser le peuple turc contre le président Erdogan.

Regarder : Turquie : "Erdogan cherche à détourner l’attention de son impopularité grandissante"

La menace par la France de sanctions européennes envers la Turquie 

La France agite depuis plusieurs semaines la menace de sanctions de l'Union européenne contre la Turquie, notamment en raison des travaux d'exploration gazière menés par Ankara en Méditerranée orientale dans des zones maritimes disputées avec la Grèce et Chypre.

L'Union européenne a condamné vendredi la poursuite des "actes unilatéraux" et la "rhétorique hostile" de la part de la Turquie, mais elle reste divisée sur la manière de sanctionner ces comportements lors du sommet européen du 10 décembre.

L'UE avait adressé en octobre une proposition d'ouverture à Ankara, assortie d'une menace de sanctions si la Turquie ne cessait pas ses actions déjà condamnées par l'UE.  Mais plusieurs États membres, dont l'Allemagne, sont opposés à l'adoption de sanctions, selon des responsables européens.