Aux prises avec un virus intestinal, le président turc, Recep Tayyip Erdogan a été contraint d'annuler ses engagements publics pour la seconde journée consécutive à dix-sept jours d'élections présidentielle et législative. Il a cependant refait une apparition à la télévision pour l'inauguration de la première centrale nucléaire de Turquie.
Le chef de l'Etat s'est exprimé par visioconférence depuis le palais présidentiel à Ankara pour l'inauguration de la première centrale nucléaire de Turquie.
"Notre pays s'est hissé dans la ligue des pays dotés de l'énergie nucléaire", s'est félicité Recep Tayyip Erdogan, les traits tirés, dissipant toutefois les rumeurs les plus alarmistes sur son état de santé.
L'inauguration de la centrale d'Akkuyu (Sud), construite par le géant russe Rosatom, devait être l'un des moments forts de la semaine pour le président turc. Ce dernier devait initialement se rendre sur place. Il a même escompté la visite du président russe, Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin devrait finalement lui aussi s'exprimer par visioconférence.
La veille au soir, le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a voulu faire taire les rumeurs déferlant sur les réseaux sociaux après l'annonce de l'annulation des deux déplacements du dirigeant prévus ce jeudi.
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Nous rejetons catégoriquement de telles affirmations infondées concernant la santé du président @RTErdogan", a-t-il tweeté. Son partage a été accompagné de captures d'écran de tweets très relayés affirmant que le président turc a été victime d'une crise cardiaque.
Interview interrompue
La polémique démarre le soir du mardi 25 avril. À moins de vingt jours du double scrutin du 14 mai, Recep Tayyip Erdogan doit donner une longue interview à deux chaînes de télévision turques, après avoir effectué trois apparitions publiques dans trois villes différentes plus tôt dans la journée.
L'émission, retardée sans explications d'une heure trente, est subitement interrompue dès la dixième minute, au milieu d'une question d'un journaliste. "
Oh wow", s’exclame une voix non identifiée derrière la caméra. L'émission est aussitôt coupée tandis que l'intervieweur lève de sa chaise. Le chef de l'Etat, teint pâle, réapparaît à l'antenne un quart d'heure plus tard. Puis il écourte l'entretien au motif d’avoir "
attrapé une grippe intestinale."
Dans un tweet, le président turc annonce le lendemain matin se "
reposer à la maison aujourd'hui (mercredi) sur conseil des médecins." Trois déplacements prévus en Anatolie centrale seront annulés.
Opposition donnée en bonne posture
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Pas d'inquiétude, il va bien. Je pense qu'il reprendra son agenda (...) à partir de demain", a tenu aussi à rassurer, jeudi matin, la ministre turque de la Famille, Derya Yanik.
L'épisode tombe toutefois très mal pour Recep Tayyip Erdogan, au moment où 3,4 millions de Turcs de l'étranger inscrits sur les listes électorales ont commencé à voter jeudi. Au pouvoir depuis 2003, d'abord comme Premier ministre puis comme président, il fait face à une opposition avançant en front uni et donnée en bonne posture par les enquêtes d'opinion.
Son principal opposant, Kemal Kiliçdaroglu, à la tête d'une alliance réunissant six partis de l'opposition, a reçu le soutien tacite du parti pro-kurde HDP, considéré comme le faiseur de rois du scrutin présidentiel.
Dans la dernière ligne droite avant les élections, le chef de l'Etat comptait aligner deux à trois meetings quotidiens. Auparavant, il a partagé pendant le mois du ramadan le repas de rupture du jeûne dans une localité différente chaque soir.
La santé du dirigeant turc, dont aucun rapport médical n'est rendu public, a déjà alimenté les spéculations après une opération du gros intestin fin 2011, suivie d'une nouvelle intervention chirurgicale l'année suivante. Alors Premier ministre, il a démenti publiquement souffrir d'un cancer du côlon. Selon ses dire, les opérations visaient à lui enlever des polypes.