Turquie : sérieux revers pour le président Erdogan aux législatives
Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a essuyé un sérieux revers, dimanche 7 juin, aux législatives. L’AKP (islamo-conservateur) a perdu sa majorité absolue détenue depuis 13 ans au Parlement. Le parti pro-kurde HDP, lui, obtient 79 sièges. L'AKP devra donc former un gouvernement de coalition.
Selon les résultats définitifs, l’AKP est arrivé sans surprise en tête du scrutin mais n’a recueilli que 40,7% des suffrages et 258 sièges de députés sur 550.
Le parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) a largement franchi la barre des 10% imposée aux partis pour obtenir un siège au Parlement. Avec 13 % des voix, il en obtient 79. "Nous avons remporté une grande victoire (...) ceux qui veulent la liberté, la démocratie et la paix ont gagné, ceux qui veulent l'autoritarisme, qui sont arrogants et qui se considèrent comme les seuls détenteurs de la Turquie ont perdu", a déclaré le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, lors d'une conférence de presse à Istanbul.
Au lendemain des résultats, les médias turcs et internationaux ne mâchent pas leurs mots : un "grave revers électoral", titre Le Figaro, "Selahattin Demirtas ébranle la Turquie", assure Libération, "un coup dur pour Erdogan", souligne le Washington Post. Le journal turc Hurriyet, lui, parle d'une "nouvelle Turquie".
Vainqueur de tous les scrutins depuis 2002, le parti AKP se présentait pour la première fois affaibli face aux électeurs, victime du déclin de l'économie et des critiques récurrentes sur la dérive autoritaire de Recep Tayyip Erdogan.
Pour le New York Times, “C'est une victoire significative pour les Kurdes qui ont donné voix une opposition au président Erdogan lors des protestations antigouvernementales, il y a deux ans”. Selon le quotidien espagnol El Pais, "la montée du nationalisme kurde a gâché le rêve présidentiel d'Erdogan".
Pour la première fois, le parti du président est donc contraint de former un gouvernement de coalition. Un coup dur pour Erdogan qui comptait sur cette élection pour renforcer ses pouvoirs. Pour faire passer une réforme de la Constitution, il devait totaliser au moins 330 sièges. Selon le Washington Post, la défaite de l'AKP marque "un nouveau moment dans l'évolution de la démocratie en Turquie, ainsi qu'un défi pour Erdogan dans son sa volonté de consolider son pouvoir en tant que président ".