Twitter : Elon Musk annonce rétablir les comptes des journalistes suspendus

Le nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk a annoncé vendredi 16 décembre au soir qu'il allait rétablir les comptes suspendus de plusieurs journalistes sur le réseau social. Les préoccupations, notamment du côté de l'ONU, demeurent.
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En octobre 2022, le milliardaire Elon Musk a racheté Twitter. Depuis, les règles sur la plateforme sont mouvantes. AP/ Patrick Pleul.
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"Les gens ont parlé. Les comptes qui avaient publié ma localisation vont voir leur suspension levée", a tweeté Elon Musk. Le milliardaire avait lancé un sondage sur Twitter pour demander s'il devait restaurer les comptes suspendus d'une douzaine de journalistes dans l'immédiat ou dans une semaine. Près de 59% des 3,69 millions d'internautes ayant pris part au sondage ont répondu qu'il devait les rétablir immédiatement.

Certains comptes semblaient avoir été réactivés, tel celui de l'ancien journaliste de Vox Aaron Rupar. "J'ai dans un premier temps été pas mal écoeuré d'avoir été suspendu mais j'ai rapidement réalisé que ça irait parce que j'ai la chance d'avoir une fantastique communauté en ligne", a tweeté de son côté le journaliste.

Une douzaine de journalistes américains ont été suspendus du réseau social. Parmi eux, des employés de médias comme CNN (Donie O'Sullivan), le New York Times (Ryan Mac), le Washington Post (Drew Harwell) et des journalistes indépendants.

Selon le haut-commissaire des Nations unies aux droits humain, de "sérieuses préoccupations demeurent".
 

Polémique sur le compte @elonjet

La polémique avait débuté mercredi lorsque Elon Musk avait annoncé suspendre @elonjet, un compte qui rapportait automatiquement les trajets de son jet privé. Certains comptes avaient ensuite tweeté à propos de cette décision.

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Elon Musk avait justifié la suspension des comptes en affirmant qu'ils mettaient en danger sa sécurité ainsi que celle de sa famille. Il avait affirmé mercredi 14 qu'un véhicule avec un de ses enfants à bord avait été suivi à Los Angeles par "un harceleur fou", semblant créer un lien de causalité avec le positionnement en temps réel de son jet.

Il a assuré : "ils ont posté ma position géographique exacte en temps réel, c'est-à-dire littéralement les coordonnées permettant un assassinat, en violation directe (et évidente) des conditions d'utilisation de Twitter".
 

Accusations de doxing

Twitter n'a pas précisé pourquoi ces comptes avaient été suspendus. Le propriétaire du réseau social, source de nombreuses polémiques depuis qu'il l'a racheté en octobre, a toutefois donné quelques indications.

Il avait affirmé vendredi 16 dans une conversation audio organisée en direct sur Twitter que "tout le monde serait traité de la même façon", sans passe-droit pour les journalistes. Relancé sur le sujet, Elon Musk avait quitté la discussion puis désactivé le service de conversation audio Twitter Spaces, arguant d'un "problème technique".

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Dans un tweet publié dans la nuit de jeudi à vendredi, Elon Musk avait annoncé une suspension temporaire de 7 jours pour "les comptes impliqués dans du doxing". Le terme "doxing" signifie divulguer publiquement sur Internet des informations personnelles relatives à un individu, sans son accord.

Les comptes qui suivent les trajets des jets utilisent pourtant des données publiques, disponibles librement. Le créateur du compte @elonjet, Jack Sweeney, a d'ailleurs annoncé qu'il allait poursuivre ce partage sur d'autres plateformes.
 

"Dangereux précédent"

La suspension des comptes a provoqué un tollé. Les Nations unies ont vigoureusement dénoncé la suspension de ces comptes par Elon Musk, qui s'autoproclame pourtant défenseur de la liberté d'expression. 

"La décision crée un dangereux précédent à un moment où les journalistes partout dans le monde sont confrontés à la censure, des menaces physiques et même pire", a affirmé Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

La vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova a quant à elle rappelé qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas franchir, menaçant Elon Musk "de sanctions, bientôt".

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Et l'organisation Reporters sans frontières (RSF) avait appelé au rétablissement des comptes des journalistes concernés. Elle estimait que "l'arbitraire des grandes plateformes" représentait un "danger majeur pour la démocratie".

Depuis son rachat de la plateforme pour 44 milliards de dollars, le milliardaire a envoyé des messages contradictoires sur ce qui y est autorisé ou non. 

Il se revendique fervent défenseur d'une grande liberté d'expression. Il a rétabli des comptes auparavant bannis par le réseau social, dont celui de Donald Trump. Mais il a aussi suspendu celui de Kanye West après la publication de plusieurs messages antisémites et refusé le retour sur la plateforme du complotiste d'extrême-droite, Alex Jones.