Des référendums d'annexion par la Russie ont débuté ce 23 septembre dans des régions d'Ukraine contrôlées entièrement ou en partie par Moscou. Ces scrutins sont qualifiés de "simulacres" par Kiev et les Occidentaux et marquent une escalade majeure du conflit.
Les votes, ont débuté à 05H00 TU et s'achèveront le 27 septembre dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk (est), et dans des zones sous occupation russe dans les régions de Kherson et Zaporijjia (sud).
"La tenue de ce référendum est une étape historique (...) Nous rentrons à la maison !", a déclaré le dirigeant de la région séparatiste prorusse de Donetsk, Denis Pouchiline, dans une vidéo publiée ce 23 septembre sur Telegram.
Voir : Ukraine : lancement des "référundums" d'annexion par la Russie
Certaines régions devant voter sont en pleine zone de conflit. L'instance électorale des séparatistes de Donetsk a indiqué que
"par souci de sécurité" le scrutin serait organisé essentiellement en porte-à-porte durant quatre jours, les bureaux de vote n'ouvrant
"que le dernier jour", soit le 27 septembre.
Ainsi, 450 et 461 bureaux de vote seront ouverts respectivement dans la région de Donetsk et de Lougansk, à l'est. Zaporijjia en comptera 394 et la région de Kherson dans le sud 198.
Plusieurs bureaux de vote ont également ouvert en Russie pour permettre le vote des
"réfugiés" qui ont fui les combats, selon les agences de presse russes.
"Nous espérons qu'après le référendum, on arrêtera de nous bombarder, qu'on aura la paix et l'ordre", a dit à l'AFP Vladimir Choutov, originaire de la région de Lougansk et venu voter à la représentation de Donetsk à Moscou.
Un vote avant l'annexion pure et simple
Ces votes, sur le modèle de celui qui a formalisé l'annexion de la péninsule de Crimée (sud) par la Russie en 2014, font l'objet de préparatifs depuis plusieurs mois, mais le calendrier semble s'être accéléré avec la contre-offensive ukrainienne qui a forcé l'armée russe à la retraite dans le nord-est du pays.
Les résidents des régions séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, qui ont déjà proclamé leur
"indépendance", doivent se prononcer sur leur désir de faire partie ou non de la Russie.
Dans les régions de Kherson et de Zaporijjia, partiellement occupées par les forces russes, la question posée est la suivante:
"Voulez-vous faire sécession de l'Ukraine, créer des États indépendants et faire partie de la Russie?"Le président de la chambre basse du Parlement russe (Douma), Viatcheslav Volodine, a exhorté ce 23 septembre ses
"compatriotes" - les prorusses d'Ukraine - à
"faire le choix d'intégrer la Russie". "Nous vous soutiendrons", a-t-il déclaré.
Une escalade dans le conflit
Même si l'annexion de ces quatre zones n'est pas reconnue par la communauté internationale, elle marquera un tournant dans l'offensive que mène la Russie en Ukraine depuis le 24 février.
Ce vote en zone de guerre constitue une escalade du conflit, d'autant que Vladimir Poutine a agité en plus la menace de frappes nucléaires pour défendre ce qu'il considère comme étant son territoire.
Le scrutin a été décidé après la contre-offensive ukrainienne fulgurante de début septembre, reprenant la région de Kharkiv, dans le nord-est, et que Kiev veut poursuivre vers Lougansk, Donetsk et Kherson.
Voir : Guerre en Ukraine : "l'offensive ukrainienne dans le Nord-Est est spectaculaire"
"La situation dans le nord est extrêmement difficile", a admis le chef séparatiste de Donetsk Denis Pouchiline, faisant état de
"forces importantes" prêtes
"à passer à la contre-offensive".
Dans la région de Lougansk, Andreï Marotchko, représentant des militaires prorusses, a fait état de bombardements ukrainiens, constatant que les forces de Kiev
"veulent tout faire pour faire dérailler le référendum".
L'annexion de ces quatre zones constitue pour la Russie une tentative de reprendre la main après ses défaites militaires.
Des référendums condamnés
Organisés à la hâte, ces référendums ont été dénoncés par le gouvernement ukrainien et ses soutiens occidentaux, Moscou voulant faire main basse sur des pans entiers de l'Ukraine, à l'image de la péninsule de Crimée (sud) en 2014. Même la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, a appelé au respect de l'intégrité territoriale.
Le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi s'est entretenu avec son homologue ukrainien Dmytro Kuleba en marge de l'assemblée générale de l'ONU.
"Le président Xi Jinping a souligné que la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les pays devaient être respectées" indisque Wang Yi dans un communiqué.
Le lendemain de l'annonce de ces référendums, le 21 septembre, Vladimir Poutine décrétait la mobilisation immédiate d'au moins 300.000 réservistes.
L'annonce de la mobilisation a convaincu de nombreux Russes de quitter le pays, sans qu'on ne puisse chiffrer l'ampleur du phénomène. Les gardes-frontières du Kazakhstan ont fait état d'un afflux à la frontière russo-kazakhe et assuré que la situation
"faisait l'objet d'un contrôle particulier". Sur les réseaux sociaux, des images circulent de longues queues de voitures aux diverses frontières du pays.
Une personne interrogée par l'AFP sous couvert de l'anonymat a dit avoir attendu huit heures pour entrer au Kazakhstan, un autre douze heures pour rejoindre la Mongolie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté, le 22 septembre les Russes à
"protester" contre la mobilisation.