Fil d'Ariane
À quelques jours de leur sixième anniversaire, quel bilan pour les Accords de Minsk ? Signés en 2015, ils sont, à l'époque, censés mettre fin à la guerre dans le Donbass à l'est de l'Ukraine, après l'échec quelques mois plus tôt du "Protocole de Minsk". Six ans plus tard, force est de constater que leur mise en application reste difficile. Que contiennent ces accords ? Qui en est à l’origine ? Peuvent-ils véritablement mettre fin au conflit aux frontières de l’Ukraine ? On fait le point.
Protocole de Minsk :
Le Protocole de Minsk est un accord signé le 5 septembre 2014, à Minsk, par les représentants du Groupe de contact trilatéral sur l’Ukraine (Russie, Ukraine et OSCE, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), pour mettre fin aux hostilités dans le Donbass.
Le Protocole de Minsk de 2014 atténue, un temps, les tensions mais l’accalmie ne sera que de courte durée. La guerre repart dès décembre 2014.
Minsk II :
Face au regain de tensions et à l’échec évident de Minsk I, un second accord est signé le 12 février 2015, toujours dans la capitale biélorusse. Il porte cette fois le nom de Minsk II ou "Ensemble de mesures pour l’application des Accords de Minsk". L’objectif est toujours le même : apaiser les tensions dans le Donbass en faisant respecter le cessez-le-feu du 5 septembre 2014.
- Cessez-le-feu le 15 février à minuit
- Retrait des armements lourds
- Vérification de la trève
- Dialogue
- Grâce et amnistie par la promulgation d'une loi
- Libération et échange "de l’ensemble des otages et des personnes retenues illicitement sur la base du principe « tous contre tous »"
- Garantie de la sécurité de l’accès à l’aide humanitaire
- Définition "des modalités du plein rétablissement des rapports socio-économiques"
- Rétablissement du contrôle total de la frontière d’État par le gouvernement de l’Ukraine dans l’ensemble de la zone du conflit
- Retrait d'Ukraine de toutes les formations armées étrangères
- Mise en œuvre d’une réforme constitutionnelle en Ukraine
- Discussions sur les élections locales
- Mise en place de groupes de travail
Les Accords de Minsk ont vu le jour après de nombreuses négociations entre les présidents russe et ukrainien Vladimir Poutine et Petro Porochenko. Mais l'ont doit principalement leur existence à une réunion diplomatique semi-officielle, "le format Normandie", le 6 juin 2014, jour de la célébration du Débarquement de Normandie, au Château de Bénouville en France. Sont alors réunis, les chefs d’État français, allemand, russe et ukrainien. C'est la première fois que la question de la paix en Ukraine est mise au coeur de négociations diplomatiques.
Les différentes propositions apportées lors de ce sommet ont ensuite été approuvées puis signées par le Groupe de contact trilatéral (Ukraine, Russie, OSCE). Un groupe qui a, lui aussi, pour but de tendre vers une résolution de la crise en Ukraine.
Le format Normadie donnera donc lieu à deux accords de paix : Minsk I, le 5 septembre 2014 et Minsk II, le 12 février 2015.
En mission de médiation les 6 et 7 février 2022 en Russie et en Ukraine, Emmanuel Macron a affirmé vouloir "réactiver" le dit format Normandie, pour apaiser les tensions aux frontières ukrainiennes.
"Macron a trouvé la seule voie possible pour participer à la négociation, c'est la réactivation du format Normandie", explique Jean de Gliniasty, expert à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et ex-ambassadeur de France à Moscou, contacté par l’AFP.
Toujours selon Jean de Gliniasty, le principal problème réside dans le fait que "ce format est paralysé depuis huit ans parce que les Ukrainiens n'en veulent pas".
De plus, les Russes, qui reprochent à Paris et Berlin de prendre fait et cause pour l'Ukraine, ont aussi largement boudé ce format, avant d'accepter de le réactiver le 26 janvier dernier.
"Le format Normandie, c'est très clairement une porte de sortie", assure Arnaud Dubien, directeur de l'Observatoire franco-russe à Moscou. Dans ce contexte, pour Vladimir Poutine, "la France est une carte parmi d'autres, secondaire mais pas forcément inintéressante".
L'ancienne ambassadeur de France en Chine, au Royaume-Uni et en Russie, Sylvie Bermann, fait aussi état d'une situation "difficile". Pour autant, "les accords de Minsk restent à ce jour la seule solution qui ait été mise sur la table", rappelle-t-elle.