Fil d'Ariane
Le 24 février dernier Vladimir Poutine ordonne aux armées russes d’envahir l’Ukraine. Des milliers d’Ukrainiens prennent la fuite. 28 jours plus tard, 3 626 546 d’entre eux ont quitté le pays, selon les chiffres de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés datés du 23 mars. Rarement un tel flux de réfugiés en Europe avait été aussi rapide depuis la Seconde Guerre mondiale.
Parmi eux, on trouve 90% de femmes et d’enfants. La plupart des déplacés fuient vers les pays frontaliers. Ainsi, plus de 2 millions d’entre eux se sont dirigés vers la Pologne. Suivent ensuite la Roumanie, la Moldavie, la Hongrie et la Slovaquie. Certains font aussi le choix de fuir vers la Russie, ou la Biélorussie. Par ailleurs, entre le 21 et le 23 février, 113 000 personnes sont passées des territoires séparatistes pro-russes de Donestk et de Lougansk en Russie.Le 22 mars, la représentante de l’Organisation mondiale de la santé en Ukraine Paloma Cuchi déclare alors que deux tiers des réfugiés ukrainiens arrivés en Pologne souhaitent rester dans le pays. En ce qui concerne la Moldavie et la Roumanie, des réfugiés ainsi traversent ces pays pour ensuite poursuivre leur route vers l'Europe de l'ouest, une fois en sécurité. Par ailleurs, l’ONU estime que presque 6,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.
Dès le 24 février, la Pologne a annoncé ouvrir neuf centres d’accueil pour les réfugiés ukrainiens. De cette manière, le gouvernement polonais a anticipé la vague de réfugiés liés à l’invasion russe. Varsovie débloque une enveloppe de 1,6 milliards d’euros pour venir en aide aux Ukrainiens.
Le 12 mars, le gouvernement vote une loi permettant aux Ukrainiens d’accéder aux services auxquels ils pourraient avoir besoin, tels que la scolarité pour les enfants, le droit au travail, la sécurité sociale ou le soutien psychologique. Les réfugiés doivent donc s’enregistrer pour obtenir un numéro d’identification leur permettant de profiter de la sécurité sociale et d’ouvrir un compte en banque.
Pour le moment, la Pologne absorbe la vague migratoire. La capitale Varsovie abrite désormais 300 000 réfugiés Ukrainiens, ce qui représente près de 20% de sa population.
Une attention particulière est accordée à l'aide humanitaire relevant du médical. Au sein de l'Union européenne, les États-membres annoncent réserver plus de 10 000 lits d'hôpitaux "pour y transférer les patients en attente de soin", ayant fui la guerre en Ukraine, a précisé Stella Kyriakides, commissaire européenne à la santé le 22 mars. "Cela comprend les lits pour les patients en pédiatrie, pour les nouveau-nés prématurés et leurs mères, pour les patients atteints d'un cancer, les grands brûlés et les patients en unité de soins intensifs" selon la responsable européenne.
Par ailleurs, des patients ukrainiens ont déjà été transférés vers des hôpitaux européens. Stella Kyriakides poursuit en disant que "des premiers patients en pédiatrie ont été transférés cette semaine de la Pologne à l'Italie". La France devrait aussi accueillir des malades d'ici la fin de la semaine. En revanche, l'Union européenne n'a pas prévu d'envoyer des personnels médicaux en Ukraine, mais des particuliers ont pris l'initiative.
L'acheminement d'aide compliqué par les sièges
Les autorités ukrainiennes ont ausi lancé un appel pour recevoir des médicaments nécessaires à la médecine de guerre. Parmi les produits qui sont envoyés, il y a des crèmes contre les brûlures, des antidouleurs, des produits pour l'asthme, mais aussi des pansements, des outils pour les opérations chirurgicales et des injectables. L'Ukraine a également demandé des antalgiques forts, comme de la morphine injectable. Le produit très sensible est envoyé sous protection des autorités françaises.
Ce materiel médical sert entre autres à soigner les enfants, victimes du conflit.
Depuis le début e l'invasion, 121 enfants sont morts et 167 autres ont été bléssés, selon le dernier décompte fourni mercredi par Lioudmila Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien. Elle a fait état de deux enfants tués encore mardi soir par une frappe russe sur un immeuble de Roubijné, dans la région de Lougansk (Est).
Lundi 21 mars, la France acheminait 55 tonnes de matériel d’aide humanitaire vers l’Ukraine en passant par la Pologne. La livraison comprend du matériel médical, des dispositifs pour assurer la continuité des communications, tels que des smartphones, des ordinateurs...
Le 22 mars, le Premier ministre Jean Castex annonçait que plus de 26 000 Ukrainiens étaient entrés sur le territoire français depuis le début de l’invasion. Mais il ne s’agit pas du nombre de réfugiés qui comptent rester en France : certains transitent vers d’autres pays, comme le Portugal ou l’Espagne. Le Premier ministre français a également annoncé que 10 500 autorisations provisoires de séjours ont été délivrées à des réfugiés ukrainiens.
Un "schéma national d’accueil et d’hébergement" a également été mis en place par le gouvernement français. Ces hébergements sont composés des places d'hébergement proposées par les collectivités, des centres de vacances, groupes hôteliers, par immobilier d’entreprises ou de syndicats et des hébergements proposés par les particuliers. Avant le conflit, l’Ukraine était peuplée de plus de 37 millions d’habitants, sans compter la Crimée (annexée par la Russie), ni les zones de l’est contrôlées par des séparatistes pro-russes.