Ukraine : quelles sont les premières sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie de Vladimir Poutine ?

Le président de la Russie vient de reconnaître les deux républiques séparatistes prorusses en Ukraine. Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada ou les pays membres de l'Union européenne ont décidé d'imposer des sanctions à la Russie de Vladimir Poutine. Elles touchent pour l'instant essentiellement le secteur financier et bancaire russe. Tour d'horizon.
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Manifestation en opposition à Vladimir Poutine devant l'ambassade de Russie à Berlin (Allemagne). 22 février 2022.
Manifestation en opposition à Vladimir Poutine devant l'ambassade de Russie à Berlin (Allemagne). 22 février 2022.
Markus Schreiber / ASSOCIATED PRESS
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  •  États-Unis 
Pour le président américain Joe Biden, le feu vert mardi du Parlement russe à cette opération militaire est "le début d'une invasion" du pays. La Maison Blanche a donc annoncé une "première tranche" de sanctions visant à empêcher Moscou de lever des fonds occidentaux sur le sol américain pour rembourser sa dette souveraine.

«Nous mettons en place de vastes sanctions sur la dette souveraine russe. Cela signifie que nous coupons le gouvernement russe du financement occidental», a déclaré le président américain lors d'une allocution. La Russie, par conséquent, «ne peut plus lever d'argent à l'ouest et ne peut plus négocier sa nouvelle dette sur nos marchés ni sur les marchés européens», a-t-il précisé. Cette mesure pourrait peser sur la valeur du rouble.

Le secteur financier et bancaire est  visé : «nous mettons en place des sanctions de blocage total contre deux grandes institutions financières russes, VEB (la banque publique de développement Vnesheconombank) et leur banque militaire», a-t-il dit sans plus de précisions.

 
  •  Canada 
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé mardi une "série de sanctions" économiques contre la Russie "jusqu'à ce que l'intégrité territoriale de l'Ukraine soit rétablie".   Le pays devrait"interdire toute transaction financière" avec les banques russes soutenues par l'État.  Le Canada va «interdire aux Canadiens d'effectuer toute transaction étrangère» avec les territoires séparatistes prorusses de Lougansk et de Donetsk. Le gouvernement fédéral va imposer des sanctions aux parlementaires russes qui ont voté en faveur de la «décision illégale de reconnaître ces territoires» et «interdire aux Canadiens de participer à des achats de la dette russe», a déclaré Justin Trudeau  lors d'un point presse
 
  • Allemagne

Le chancelier allemand Olaf Scholz a décidé de suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2. Le chantier de ce projet faramineux qui a permis de relier l’Allemagne à la Russie afin d’acheminer davantage de gaz russe en Allemagne est estimé à plus de 10 milliards d’euros. S’il s’est achevé fin 2021, Nord Stream 2 n’a cependant jamais été mis en service.

(Re)lire : Nord Stream 2 : le gazoduc de la discorde 

Il faut faire souffrir Vladimir Poutine et son régime et l’économie russe

Liz Truss, la cheffe de la diplomatie britannique

  •  Royaume-Uni

De son côté, le Royaume-Uni a annoncé qu’il allait mener des "sanctions ciblées contre des banques et des oligarques" russes. Trois milliardaires considérés comme proches du président russe sont interdits de séjour dans le Royaume-Uni et leurs avoirs ont été gelés. Cinq banques dont Rossiïa et Promsvyazbank, très actives pour financer l'industrie de la défense en Russie, subissent également de sévères restrictions.

Ce régime de sanctions est "le plus dur jamais mis en place contre la Russie" par Londres, selon Liz Truss, la cheffe de la diplomatie britannique. Il doit permettre "de faire souffrir Vladimir Poutine et son régime et l'économie russe". 

Lire : Ukraine, qui sont les oligarques russes visés par les sanctions britanniques ?
 

  • Union européenne

Une autre série de mesures européennes vise à limiter l'accès aux financements occidentaux. Elle a été dévoilée peu après la déclaration de Vladimir Poutine. Il s’agit de "mesures ciblées", prises notamment contre les députés russes qui ont voté la reconnaissance des territoires séparatistes,  assorties de mesures financières à l’encontre des banques russes.

La Norvège, qui n'est pas membre de l'Union européenne, a fait savoir qu'elle se joindra aux sanctions de l'UE contre la Russie. 

(Re) voir : Union européenne : quelles sanctions pour la Russie ?

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  • ​ Japon
Tokyo "condamne fermement" les actions de la Russie et explique qu'elles "portent atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Le Japon a donc décidé de ne plus délivre de visas  aux personnes liées aux "deux soi-disant républiques". Le gouvernement japonais va aussi procéder à un gel de leurs avoirs et prononcer une interdiction de faire du commerce avec ces régions.
 

(Re)voir : Ukraine : le spectre d'une offensive russe inquiète les populations du Donbass

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Pékin juge les sanctions pas efficaces

Tous les pays ne se sont pas alignés derrière le bloc occidental pour imposer des sanctions à la Russie. À commencer par la Chine. Interrogée sur la possibilité que Pékin puisse imposer des sanctions à la Russie,  la porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying a jugé qu'elles "n'ont jamais été un moyen fondamentalement efficace pour résoudre les problèmes".

La Chine accuse également les États-Unis de "mettre de l'huile sur le feu" en Ukraine après avoir sciemment vendu des armes aux séparatistes du Donbass. "La question clé est de savoir quel rôle ont joué les Etats-Unis dans les tensions actuelles en Ukraine", a commenté Pékin. 

(Re)lire : Guerre du Donbass en Ukraine : "On est dans un contexte qui peut-être assez explosif "

La Russie, accusée d'avoir massé 150.000 soldats aux frontières ukrainiennes en vue d'une invasion de son voisin pro-occidental, réclame la promesse que l'Ukraine n'intègrera jamais l'Otan et, depuis mardi soir, une "démilitarisation" du pays ainsi que des concessions territoriales aux séparatistes prorusses. Sur la ligne de front, des tirs avaient toujours lieu avec les séparatistes. Un soldat ukrainien a été tué et six autres blessés mardi dans des bombardements séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, a affirmé l'armée.