Fil d'Ariane
Les consultations se poursuivent entre toutes les parties sur l'accord concernant l'exportation de céréales ukrainiennes, a indiqué l'ONU mardi, après la proposition russe de ne le prolonger que pour 60 jours seulement, laissant planer l'incertitude sur son maintien.
"Les Nations unies feront tout leur possible pour préserver l'intégrité de l'accord et assurer sa continuité. Les consultations avec toutes les parties se poursuivent à tous les niveaux", a déclaré Jens Laerke, un porte-parole de l'agence humanitaire des Nations unies (OCHA), dont le patron est au coeur des négociations.
Le ministre ukrainien de l'Infrastructure a critiqué lundi la proposition russe mais il n'a pas rejeté formellement cette offre de Moscou.
"L'accord sur +l'Initiative céréalière de la mer Noire+ implique au moins 120 jours de prolongation, la position de la Russie de le prolonger de seulement 60 jours contredit donc le document signé par la Turquie et l'ONU", a écrit sur Twitter Oleksandre Koubrakov, précisant que l'Ukraine attendait "la position officielle" des Nations Unies et d'Ankara, en tant que "garants de l'initiative".
Dans ce contexte incertain de perturbations des échanges céréaliers, l'Egypte, premier importateur mondial de blé, a annoncé son intention de se retirer d’ici fin juin 2023 de l’Accord international sur les céréales conclu en 1995 sous l'égide des Nations unies, a annoncé le 9 mars un dirigeant du Conseil international des céréales (CIC). Le pays est fortement impacté par le guerre en Ukraine en raison de sa dépendance aux exportations de céréales via la Mer Noire.
Conclu en juillet dernier pour 120 jours entre l'ONU, l'Ukraine, la Russie et la Turquie, cet accord dit de la Mer Noire, qui a eu pour effet d'atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par le conflit en Ukraine en permettant d'exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales à partir des ports ukrainiens, selon les Nations unies, avait été reconduit une première fois en novembre pour quatre mois. Il expire le 18 mars.
A New York (Etats-Unis), Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a assuré que "les Nations unies restaient complètement impliquées dans l'Initiative céréalière de la mer Noire et pour s'efforcer de faciliter les exportations d'engrais et d'alimentation russes".
Peu après, l'ONU a indiqué dans un communiqué daté de Genève (Suisse) qu'elle "prend note" de la proposition russe et souligné que le chef de l'ONU "a confirmé que les Nations unies feraient tout leur possible pour préserver l'intégrité de l'Initiative céréalière (...) et assurer sa continuité".
Ukraine-Russie : un accord crucial sur les céréales
Après des discussions à Genève avec le patron des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths et la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) Rebeca Grynspan, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine a déclaré que Moscou "ne s'oppose pas à une nouvelle prolongation de l'+Initiative de la mer Noire+ après l'expiration de son deuxième mandat le 18 mars, mais seulement pour 60 jours".
"Notre position future sera déterminée par les progrès tangibles dans la normalisation de nos exportations agricoles, non pas en paroles mais en actes. Cela comprend les paiements bancaires, la logistique du transport, les assurances, le +dégel+ des activités financières et l'approvisionnement en ammoniac via l'oléoduc +Togliatti-Odessa+", a indiqué M. Verchinine dans un communiqué.
Il a souligné avoir eu dans la ville suisse des discussions "franches et approfondies" qui ont permis de "confirmer une fois de plus que si les exportations commerciales de produits ukrainiens se font à un rythme soutenu et rapportent des bénéfices considérables à Kiev, les restrictions imposées aux exportateurs agricoles russes sont toujours en place".
Mais la Russie n'est pas satisfaite d'un autre accord - bilatéral - signé en juillet dernier avec l'ONU sur les exportations d'engrais russes. Il court sur trois ans.
Moscou se plaint que ses exportations d'engrais, produit de première nécessité pour l'agriculture mondiale, soient de facto bloquées, bien qu'elles ne tombent pas sous le coup des sanctions imposées par les pays occidentaux depuis le début de la guerre.
"Les exemptions de sanctions pour les denrées alimentaires et les engrais annoncées par Washington, Bruxelles et Londres sont pour l'essentiel inactives", a réaffirmé lundi M. Verchinine.