Ukraine : un Suisse sur deux favorable à la réexportation d'armes helvétiques vers Kiev
Plus de la moitié de la population suisse est favorable à ce que les pays ayant acheté des armes helvétiques puissent les livrer à l'Ukraine, selon un sondage publié ce 1er mars. Cela est actuellement interdit par la doctrine de neutralité militaire du pays alpin.
Le débat sur la neutralité agite la Suisse depuis l'invasion russe de l'Ukraine. Le pays alpin - qui ne fait pas partie de l'Union européenne - a adopté toutes les sanctions instaurées contre la Russie par Bruxelles. Cependant, il se montre inflexible sur sa neutralité militaire.
Selon le sondage, 50% de la population soutiendrait une réexportation d'armes et de munitions. 46% s'y opposent et 4% sont sans avis. Cette enquête a été réalisée du 15 au 17 février 2023 auprès de 27.668 personnes (marge d'erreur: ± 1,0%).
Le sondage révèle que la réexportation d'armes est soutenue par les électeurs de tous les partis, à l'exception de ceux de l'UDC, le parti de la droite radicale et première formation politique de Suisse.
Pressé par Kiev et ses alliés d'autoriser la réexportation d'armes et de munitions suisses vers l'Ukraine, le gouvernement a jusqu'à présent balayé les demandes formulées par l'Allemagne, l'Espagne et le Danemark.
Les réexportations de matériel militaire suisse ne sont pas autorisées vers un pays impliqué dans un conflit armé international, comme en Ukraine. Ce, en raison du droit de la neutralité et de la loi fédérale sur le matériel de guerre.
Diverses initiatives sont en cours au Parlement en vue d'assouplir ces règles, mais aucune décision n'est attendue avant plusieurs mois.
L'organisation Pro Suisse défend vigoureusement les principes d'une Suisse indépendante et neutre. En revanche, elle a prévenu mardi 28 février qu'elle lancerait un référendum en cas d'assouplissement de la loi.
Face à autant d'incertitudes, l'industrie suisse de l'armement craint que certains Etats décident de se fournir ailleurs. "L'économie suisse a besoin d'une clarification rapide des orientations politiques concernant la politique de sécurité, l'exportation du matériel militaire ainsi que la réexportation de ce matériel", a indiqué mardi le Groupe romand pour le matériel de défense et de sécurité, regroupant plus de 60 entreprises dans la partie francophone du pays.