Un journaliste français expulsé d'Egypte

La France "regrette vivement" l'expulsion par l’Egypte de Rémy Pigaglio, correspondant de La Croix et de RTL. "Aucun interrogatoire n'a été mené. Et je n'ai jamais su, et ne sais toujours pas, pourquoi cette décision d'interdiction d'entrer sur le territoire a été prise", affirme le journaliste.
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Le président de la République française, François Hollande, accueilli par le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, le dimanche 17 avril 2016 au Caire (Egypte). 
©présidenceégyptienne/via AP
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Rémi Pigagliodu, journaliste, correspondant en Egypte pour le journal La Croix et RTL. 
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"La France regrette vivement cette décision des autorités égyptiennes. Partout dans le monde, elle défend la liberté d'expression et la liberté de la presse", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Romain Nadal ce mercredi 25 mai.

La veille, Rémy Pigaglio, correspondant en Egypte depuis près de deux ans pour le journal catholique français La Croix et la radio RTL, a été expulsé après avoir été retenu à l'aéroport du Caire, alors qu'il rentrait de vacances. Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a évoqué la situation du journaliste le 24 mai avec son homologue égyptien Sameh Choukri, a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, précisant que l'ambassadeur au Caire a effectué plusieurs démarches auprès des autorités "afin qu'elles reconsidèrent leur décision".
 
"Rien ne m'a été confisqué et je n'ai pas été maltraité. Aucun interrogatoire n'a été mené. Et je n'ai jamais su, et ne sais toujours pas, pourquoi cette décision d'interdiction d'entrer sur le territoire a été prise", a affirmé Rémy Pigaglio à La Croix avant de monter dans l'avion qui l'a ramené en France.
 
A son retour en Egypte lundi, le journaliste français s’est vu confisquer son passeport et son téléphone portable par la police. Selon le directeur du quotidien La Croix, Guillaume Goubert, "il semblerait que les renseignements égyptiens (moukhabarat) sont à l'origine de la décision d'expulsion". "Les autorités diplomatiques françaises ont été remarquables mais malgré leur intervention, Rémy n'a pas été autorisé à rentrer sur le territoire égyptien", regrette-t-il. Il se dit aussi soulagé que le journaliste soit rentré sain et sauf "compte tenu des cas dramatiques qui sont survenus récemment".


Le journaliste avait début mai signé plusieurs articles évoquant la repression en cours menée par le régime contre une partie de la presse égyptienne, notamment suite à l’arrestation dans les locaux du syndicat des journalistes, au Caire, le 1er mai, des deux confrères égyptiens Amr Badr et Mahmoud El Sakka, accusés de « complot » contre l’État.

La question des droits de l'homme a été abordée par François Hollande lors d'une visite en Egypte mi-avril, où le président français a invoqué la nécessaire "liberté de la presse et la liberté d'expression". Il a ainsi discuté avec son homologue des cas "du Français Eric Lang et de l'Italien Giulio Regeni". 


Eric Lang est un Français arrêté en 2013 au Caire par la police et battu à mort dans sa cellule, "par des co-détenus" selon le parquet général du Caire. Giulio Regeni est un étudiant italien enlevé dans la capitale égyptienne le 25 janvier et retrouvé mort neuf jours plus tard dans un fossé, le corps portant les stigmates d'épouvantables tortures. La presse italienne et des diplomates assurent qu'il a été tué par des membres de services de sécurité, ce que l'Egypte nie avec véhémence.
 
Début mai, le syndicat des journalistes en Egypte a dénoncé un "recul" de la liberté de la presse dans le pays, accusant le pouvoir d'être en "guerre contre le journalisme", après l'arrestation le 1er mai de deux reporters au siège de l'organisation. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l'homme d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire qui réprime violemment toute opposition depuis qu'il a destitué en 2013 son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi.