Fil d'Ariane
Un policier a été attaqué au marteau mardi 6 juin sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame à Paris par un assaillant qui a été blessé par des tirs de riposte, dans un contexte de menace terroriste élevé et trois jours après l'attentat jihadiste de Londres.
L'assaillant, blessé au thorax par des tirs de riposte, a été évacué vers un hôpital, a-t-on appris de source policière. Le policier agressé, légèrement blessé au cou, a également été hospitalisé, a-t-on indiqué de même source.
L'agresseur, qui s'est présenté comme un étudiant algérien a crié "c'est pour la Syrie", précise le ministre de l'intérieur Gérard Collomb.
Les faits se sont produits à 16H20, selon la source policière, dans l'une des quartiers les plus surveillés de Paris et haut lieu du tourisme. Une enquête a immédiatement été ouverte par le parquet antiterroriste.
La France a été ciblée par un vague d'attentats jihadistes sans précédent depuis 2015 (239 morts) et les autorités, comme la population, vivent dans la crainte de nouvelles attaques alors que le pays est placé sous le régime exceptionnel de l'état d'urgence depuis les attentats du 13 novembre 2015. Cette attaque intervient à cinq jours du premier tour des élections législatives.
Un témoin a rapporté à l'AFP avoir entendu "crier très fort", puis vu "un mouvement de foule". "Les gens ont paniqué, j'ai entendu deux coups de feu, vu un homme étendu par terre, du sang partout", a-t-il ajouté, sans dévoiler son nom.
"On a entendu deux bruits de coups de feu, on ne s'est pas inquiété, d'ailleurs personne ne s'est inquiété, personne ne courait", ont quant à elles relaté Aline et sa fille Gabrielle Wacogne, venues rendre visite à un proche hospitalisé à l'Hôtel-Dieu. "Puis soudain, on a vu des policiers arriver à pieds, puis des voitures et des fourgons, ils ont tout de suite fermé les accès au parvis."
Les principales voies menant à Notre-Dame, où de nombreuses voitures de police affluaient, ont été bouclées par des cordons de sécurité. Des hommes équipés de gilets pare-balles sortaient de la préfecture de police voisine et la police scientifique effectuait les premières constatations, a constaté un journaliste de l'AFP.
Peu avant 17H00, une camionnette du Samu a quitté les lieux toutes sirènes hurlantes, selon ce journaliste. Des centaines de badauds ont été repoussés de l'autre côté de la Seine, hors du périmètre de sécurité.
La cathédrale Notre-Dame, située en plein cœur du Paris touristique, est l'un des monuments les plus visités en Europe, avec 13 millions d'entrées par an. Plus d'un millier de personnes ont été confinées dans le calme à l'intérieur de l'édifice religieux, selon un porte-parole du monument. Une source policière a, pour sa part, estimé entre 300 et 450 le nombre de personnes qui ont été confinées dans la cathédrale.
La préfecture de police a demandé à la population d'éviter le secteur mais faisait état d'une "situation maîtrisée" peu avant 17H30.
Cette agression intervient trois jours après un nouvel attentat au Royaume-Uni: sept personnes ont été tuées et 48 autres blessées samedi soir à Londres dans l'attaque revendiquée par le groupe État islamique (EI), au cours de laquelle trois hommes ont foncé dans la foule avec une camionnette, avant de poignarder des passants.
Une autre attaque avait fait 22 morts et plus de 100 blessés le 22 mai à Manchester, lorsqu'un jeune Britannique d'origine libyenne s'était fait exploser à la sortie d'un concert.
En France, les derniers attentats ont ciblé les forces de l'ordre. Karim Cheurfi a tué un policier sur les Champs-Élysées le 20 avril, juste avant le premier tour de la présidentielle, après des attaques qui ont visé des militaires, sans les tuer, au musée du Louvre et à l'aéroport d'Orly.
La cathédrale Notre-Dame a déjà été au cœur d'une enquête antiterroriste. En septembre 2016, les autorités françaises avaient démantelé un commando de femmes jihadistes à l'origine d'un attentat avorté à la voiture piégée, retrouvée non loin de Notre-Dame bourrée de bonbonnes de gaz, et qui préparaient d'après les enquêteurs une autre attaque "imminente" contre une gare parisienne ou de l'Essonne.
Ces femmes, "téléguidées" depuis des jihadistes de l'EI en Syrie d'après les enquêteurs, avaient des connexions avec les auteurs de plusieurs attentats récents en France (Magnanville, Saint-Étienne-du-Rouvray). Un jihadiste français, Rachid Kassim, depuis vraisemblablement tué par un bombardement de la coalition, est soupçonné de les avoir dirigées depuis les zones de jihad irako-syriennes.