Une organisation de défense des droits des migrants tire la sonnette d'alarme. Selon ses informations, des femmes originaires de Sierra-Leone sont victimes d’abus et de trafic à Oman. Avant ce rapport, le Liberia a déjà exprimé des inquiétudes similaires pour ses ressortissantes travaillant dans le sultanat.
L'ONG Do Bold a recueilli les témoignages de 621 Sierra-léonaises émigrées à Oman, où elles travaillent notamment comme employées de maison. Elle a pu en vérifier 469. Publié ce mercredi 7 septembre, son rapport est sans appel.
Toutes ces femmes, à l’exception d’une, peuvent être considérées comme victimes de trafic humain, tel que défini par l'ONU. La "
vaste majorité" ont également connu des conditions de travail assimilables à du travail forcé.
Exploitation, travail forcé et violences sexuelles
Selon le compte-rendu, 78% des employées de maison sierra-léonaises ont été recrutées frauduleusement, 80% ont enduré des journées de travail de 16 à 20 heures, 99% n'avaient aucun jour de congé, 91% ne pouvaient se déplacer librement et 77% ont subi de la discrimination. En plus de cela, 60% ont subi des vols de salaires, 57% des violences physiques et près d'un tiers (27%) des violences sexuelles, ajoute-t-il.
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Les travailleurs expatriés à la recherche d'emplois mal rémunérés continuent d'être exposés au risque de traite dans le cadre du système de parrainage de visa à Oman, qui accorde aux agences de recrutement et/ou aux parrains de visa omanais un contrôle unilatéral important sur les visas de résidence et de travail des employés et donc sur leur statut juridique dans le pays", indique le document.
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Les trafiquants soumettent certains de ces travailleurs à des pratiques d'emploi qui constituent du travail forcé, notamment des heures de travail excessives, la confiscation des passeports, le non-paiement des salaires, la privation de nourriture et des abus psychologiques et sexuels", ajoute le compte-rendu.
“Une situation d'esclavage qui s'apparente à de la traite d'êtres humains"
Le rapport fait suite à une réunion virtuelle tenue la semaine dernière entre le ministre du Travail du Liberia, Charles Gibson, et le ministre des Affaires étrangères d'Oman, Humaid Al Maani, au cours de laquelle M. Gibson a fait part de ses inquiétudes concernant la traite et l'"
esclavage" de femmes et de jeunes filles de son pays à Oman.
M. Gibson a demandé aux autorités omanaises de ne plus délivrer de visas de travail aux femmes libériennes recrutées par des agences de placement pour des emplois de domestiques, et d'autoriser une délégation libérienne à se rendre dans le pays.
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Les femmes libériennes(...) sont retenues par leurs employeurs dans une situation d'esclavage qui s'apparente à de la traite d'êtres humains", indique un communiqué du ministère du Travail.
De son côté, M. Al Maani a "
blâmé les agences de recrutement" et a déclaré à la presse que les médias ont déformé la situation. "
Il a déclaré que sur plus de cinq cents travailleuses libériennes à Oman, seules 26 ont signalé avoir des problèmes, mais a exprimé la volonté de son gouvernement de travailler avec le Liberia pour répondre aux préoccupations exprimées", a-t-il ajouté.
Une main d’oeuvre originaire d'Afrique en hausseSelon Human Rights Watch, la majorité des employés de maison dans les États du Golfe proviennent de pays asiatiques. Mais les nations africaines sont devenues aujourd'hui des sources de main-d'oeuvre plus populaires, à mesure que les migrants venus d'Asie ont pu bénéficier de mesures de protection renforcées.
Selon un rapport du département d'État américain publié en 2021, le gouvernement d'Oman faisait des efforts pour respecter les normes minimales en matière d'élimination de la traite d'êtres humains, mais qu'il ne les respectait pas encore totalement. Le gouvernement omanais n'a pas répondu aux demandes de réaction de l'AFP.