Fil d'Ariane
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- Ungersheim, vitrine de la "transition écologique"
Pour la réalisatrice, le maire Jean-Claude Mensch est un « héros local ». Pour sa part, il raconte que ses convictions écolo remontent quasiment à l'enfance. Il milite dans plusieurs mouvements avant de devenir maire en 1989. Une fois élu, il s'attelle avec son équipe au changement du mode de chauffage de la piscine communale. Électrique, il dépend du nucléaire. La municipalité le fait passer au gaz puis, au début des années 2000, au solaire.
D'autres questions se font jour par la suite. À l'issue de la construction d'une salle de sport, c'est une chaufferie bois qui sort de terre en 2007. Des gradateurs sont installés aux réverbères, engendrant une baisse de 35 % des dépenses liées à l'éclairage public, indique l'édile. Les produits d'entretien et de jardinage utilisés par la commune sont passés au peigne fin pour éviter l'emploi de substances réputées nocives pour la santé et l'environnement. En 2009 naît une cantine bio. « Nous avons ouvert la première cuisine 100 % bio de France, goûter inclus ! », lance l'élu.
De fil en aiguille, sans même sans rendre compte, la commune entre en transition, d'après le récit de Jean-Claude Mensch. Elle s'inscrit alors dans le Mouvement des villes et villages en transition, en 2011. L'équipe municipale publie ses « 21 actions pour le XXIe siècle » dans la foulée. Avec deux mots-clés selon le maire : « autonomie » et « fraternité ».
D'après Marie-Monique Robin, le modèle d'Ungersheim est reproductible partout, dans une petite commune comme dans un quartier de grande ville. Il s'agirait à chaque fois de chercher l'autonomie (énergétique, alimentaire, monnaie locale...) et d'encourager la sobriété (réparer plutôt qu'acheter, par exemple). « Si on les encourageait au niveau national, les héros locaux seraient légion et donneraient envie à d'autres de l'être. Nous avons besoin de moteurs », avance-t-elle.
En général, et contrairement au cas d'Ungersheim, la transition se joue selon une logique ascendante, du citoyen vers les maires ou les gouvernements. « Cela représente beaucoup de briques, ce n'est pas un modèle fixe, souligne Kitty de Bruin, du mouvement Transition France. Elle n'impose rien, mais est adaptée localement. » Elle note une spécificité à Ungersheim : « Jean-Claude Mensch transmet son propre mode de vie au reste du village ».
Aussi, malgré de possibles échanges entre les localités sensibles à cette problématique dans la région, les solutions promues à Ungersheim ne sont pas reprises tel quel par les mouvements de transition voisins. Par exemple, à une quarantaine de kilomètres dans la vallée de Munster, une douzaine de groupes de travail se sont réunis en association en 2012 pour réfléchir de manière collégiale à des actions de transition. Par exemple : un système d'autostop organisé pour faciliter les déplacements et réduire le nombre de véhicules particuliers en circulation dans cette zone rurale. Encore plus au nord à Erstein, des trocs de plantes ont lieu et un travail sur le vélo et les transports plus en général est organisé en lien avec la municipalité. Certains de ces mouvements locaux se sont unis en réseau.
► Lire notre article : Troquer des graines pour ne pas troquer la biodiversité
Plus largement, des initiatives voient le jour sur les cinq continents, principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Australie.
À Ungersheim, Jean-Claude Mensch espère que la prise de conscience de ses administrés sera suffisante pour que la transition perdure le jour où il passera la main. Un changement de visage et, surtout, de politique à la tête de la commune pourrait la stopper dans son élan. C'est ce qui est arrivé en 2014 dans une autre ville française, Villebarou, où la nouvelle équipe municipale a vendu son cheval de trait après deux ans à peine de bons et loyaux services.
Marie-Monique Robin, elle, se concentre sur les enfants qu'elle a filmé. Ils sont sensibilisés aux questions d'environnement dans le cadre scolaire. Elle rappelle que ce sont eux qui voteront demain. En attendant, « ce film a cette vertu de porter des exemples et de mettre en avant la mise en actions. Cela peut entraîner des dynamiques, bien qu'il existe une inertie forte », conclut Bernard Pierré, du mouvement de transition d'Erstein.