Fil d'Ariane
Après des semaines de tractations souvent poussives, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé le 17 septembre sa nouvelle équipe de commissaires, davantage marquée à droite et tournée vers la compétitivité de l'Europe. L'Italien Raffaele Fitto, membre du gouvernement d'extrême droite de Giorgio Meloni est vice-président.
Présentation de la nouvelle équipe de commissaires par Ursula von der Leyen ce 17 septembre à Strasbourg, devant le parlement européen.
Depuis Strasbourg, Ursula von der Leyen a présenté une équipe de 11 femmes pour 16 hommes, soit légèrement en deçà de la parité promise. "Il reste encore du travail à accomplir", a convenu la dirigeante allemande.
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Fait notable, quatre des six vice-présidences de la Commission sont attribuées à des femmes.
Parmi elles, la socialiste espagnole Teresa Ribera. Cette spécialiste du climat, ministre de Pedro Sanchez, hérite d'un très large portefeuille dédié à la transition écologique et pourrait jouer l'un des premiers rôles dans la nouvelle équipe bruxelloise, tout comme l'Estonienne Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne.
Signe du virage à droite de la Commission, l'Italien Raffaele Fitto, membre du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia et chef du groupe des conservateurs au Parlement, devient vice-président de la Commission. L'Italie "retrouve son rôle central" dans l'Union, a immédiatement réagi la dirigeante italienne, alors que la gauche et le centre au Parlement européen avaient multiplié les mises en garde avant cette nomination. Cette vice-présidence de Fitto est un "problème politique", a réagi prudemment la cheffe du groupe social-démocrate Iratxe Garcia Perez.
Le Lituanien Andrius Kubilius obtient quant à lui le nouveau poste de commissaire à la Défense et à l'Espace, créé par Ursula von der Leyen pour faire face à la menace russe et la guerre en Ukraine.
Dans la foulée des élections européennes, le casting penche à droite avec une quinzaine de portefeuilles pour le PPE, parti conservateur et première force au Parlement européen.
Lire UE : La Belgique propose Hadja Lahbib, sa cheffe de la diplomatie, comme commissaire européenne
En coulisses, les négociations pour les postes - un par État membre - ont été douloureuses, jusqu'à la dernière minute. Lundi, c'est l'influent commissaire sortant français Thierry Breton qui a démissionné avec fracas, victime de ses relations exécrables avec Mme von der Leyen.
Pour le remplacer, Emmanuel Macron a proposé un proche, Stéphane Séjourné, discret ministre démissionnaire des Affaires étrangères. Il obtient une vice-présidence exécutive et un portefeuille dédié à la prospérité et la stratégie industrielle.
L'Union européenne entend afficher ses priorités dans une période cruciale sur le plan géopolitique, avec la guerre en Ukraine, la campagne présidentielle américaine et la concurrence économique de la Chine.
Ursula von der Leyen a insisté sur l'économie "compétitive, circulaire et décarbonée", dans le sillage du récent rapport de Mario Draghi sur les difficultés économiques de l'Union.
Trois mois après des élections européennes marquées par la poussée de l'extrême droite, la gauche et les ONG redoutent que la réorientation de la Commission vers les enjeux économiques se fasse au détriment des ambitions climatiques du précédent mandat.
"Nous devons continuer à relever ce défi de la lutte contre le réchauffement climatique", mais "toujours dans le contexte de la compétitivité", a répondu von der Leyen.
"Ce n'est pas que l'ambition diminue, c'est une phase de mise en oeuvre", assure aussi une source au sein de la commission. Mais avec moins d'élus verts et une extrême droite plus nombreuse, le "Parlement est très différent de celui de 2019", il faudra voir "quelle influence ça va avoir sur le sujet".
Comment souvent, les auditions des commissaires devant les eurodéputés pourraient être houleuses, dans un moment où le Parlement peut montrer ses muscles en retoquant certains candidats.
Plusieurs députés aimeraient faire tomber le candidat hongrois, Olivér Várhelyi, accusé d'être peu à l'écoute du Parlement européen et trop proche des positions du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.
Dans le cadre de la présidence hongroise de l'UE, Orban devait s'exprimer à Strasbourg le 18 septembre, mais a annulé sa venue en raison de la tempête Boris touchant l'Europe centrale.
Si elle a exprimé le souhait que la nouvelle commission puisse être opérationnelle "dès que possible", Ursula von der Leyen est restée évasive sur le calendrier. L'organisation des auditions au Parlement et leurs rebondissements augurent d'une possible mise en place de la nouvelle équipe début décembre.